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"Les chiens n'ont détecté que des cadavres" : des bénévoles français racontent la désolation à Beyrouth après les explosions

L'ONG Pompiers de l'urgence internationale a envoyé une équipe de 20 personnes pour participer aux opérations de recherche dans les rues de la capitale libanaise dévastée par les explosions du 4 août.

Article rédigé par franceinfo - Marion Fontaine
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Les dégâts dans une rue de Beyrouth, le 9 août 2020, cinq jours après la double explosion qui a frappé la capitale du Liban.  (THOMAS DEVENYI / HANS LUCAS / AFP)

"Etes-vous disponible ?" Dans la soirée du mardi 4 août, Barbara Menke reçoit un SMS. La chargée de communication de l'ONG Pompiers de l'urgence internationale (PUI) répond par l'affirmative, sans aucune hésitation. Deux jours plus tard, la voilà à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle accompagnée de 19 autres bénévoles de PUI, d'un chien et de centaines de kilos de matériel médical et de recherche. L'association française, qui fonctionne sous l'égide de l'ONU, part prêter main forte aux autorités libanaises et aux autres associations pour secourir les victimes des explosions qui ont meurtri Beyrouth.

Juste avant son départ, Barbara Menke explique à franceinfo le détail de cette mission : "Nous pourrons apporter notre aide d'un point de vue médical, mais aussi pour la recherche et le sauvetage." "Mais entre ce qu'on envisage et la réalité du terrain... Ça ne risque pas de se passer comme prévu.Les membres de l'ONG (deux médecins, deux infirmières, deux maîtres-chiens, des pompiers professionnels et volontaires) entendent se mettre à disposition des équipes sur place, selon leurs besoins. Ils prévoient de rester environ une semaine, bien que la date exacte du retour ne soit pas encore arrêtée. 

Au milieu des débris d'immeubles

Arrivés à Beyrouth, les 20 bénévoles se trouvent confrontés à la réalité du terrain. "Beyond the rubble", au-delà des décombres : c'est le nom de la mission qui leur est confiée. A la demande des pompiers libanais, l'équipe française les assiste sur le port, où les explosions ont eu lieu. Là, les débris d'immeubles jonchent le sol, se mêlant au sable et au maïs échappé du silo touché par les déflagrations. 

"On travaille avec des pelleteuses pour déblayer la zone et on envoie des chiens pour chercher des survivants", indique Barbara Menke, recontactée lundi 10 août. "Mais l'explosion a été tellement forte qu'il est impensable qu'on en retrouve dans ce secteur. Le gouvernement ne l'espère plus."  

Charlotte Feve, infirmière, fait partie de l'équipe de PUI. C'est sa première mission à l'étranger. "Nous sommes arrivés trois jours après les explosions avec l'espoir de trouver des gens vivants. Les chiens n'ont détecté que des cadavres", raconte-t-elle. Selon le dernier bilan communiqué par le ministre de la Santé libanais, mardi 11 août, la catastrophe a fait 171 morts et plus de 6 000 blessés.

Des membres de l'ONG Pompiers de l'urgence internationale déblayent la zone portuaire détruite après la double explosion du 4 août à Beyrouth.  (BARBARA MENKE)

Avant les explosions, une dizaine de pompiers libanais avaient été dépêchés sur la zone pour éteindre l'incendie dans l'entrepôt où était stocké le nitrate d'ammonium. Le déblaiement est d'autant plus éprouvant pour les sauveteurs qu'ils ont découvert les corps de leurs collègues. La situation s'avère aussi difficile pour les bénévoles de PUI, eux-mêmes pompiers : ils retrouvent entre les décombres des "morceaux d'ambulance et des tuyaux"

Aux rudes conditions psychologiques s'ajoute la chaleur étouffante de l'été, conjuguée au port du masque contre le Covid-19. "Nous le mettons tout le temps, mais ça complique les recherches. On est fatigués, on s'entend et on se comprend moins bien", déplore Barbara Menke. 

"Les Beyrouthins sont formidables"

Au-delà de la "vision apocalyptique" du port, il y a des "petits tas de débris bien propres". Les Libanais sont d'une "efficacité redoutable", salue Barbara Menke. "Tout le monde travaille pour déblayer la ville. Dans les rues, les gens sont armés de balais et de sacs."

Des centaines de bénévoles et d'étudiants viennent les aider au quotidien, leur apportent à manger et les remercient. "Les Beyrouthins sont formidables. Ils ont la résilience qu'on voit seulement dans les pays frappés par une catastrophe. Et Dieu sait qu'ils en ont vécu", explique la chargée de communication de PUI.

L'équipe repart finalement en France mardi 11 août. Néanmoins, elle veut continuer de soutenir les pompiers libanais. "Nous pourrions peut-être les aider à développer le travail de sauvetage avec les chiens", songe Barbara Menke. 

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