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Explosions à Beyrouth : "Nous allons vers une crise humanitaire sans précédent", estime le secrétaire général du Secours populaire

Dès l'annonce de la double explosion dans le port de la capitale libanaise, mardi, l'aide humanitaire internationale s'est activée. Sur le terrain, ldocteur Ismaïl Hassouneh répond aux questions de franceinfo.

Article rédigé par Guillemette Jeannot
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Dans le quartier le plus proche du port de Beyrouth (Liban), le 6 août 2020, une religieuse infirmière dont l'hôpital a été dévasté par la double explosion du 4 août 2020. (MAXPPP)

"Nous sommes comme sur un terrain de guerre", décrit le docteur Ismaïl Hassouneh, secrétaire général du Secours populaire, actuellement au Liban et contacté par franceinfo. L'explosion de 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium au port de Beyrouth a provoqué d'énormes déflagrations, mardi 4 août vers 18 heures. Au moins 150 personnes sont mortes et plus de 5 000 autres ont été blessées, selon les derniers bilans de vendredi. Le souffle de l'explosion a détruit des quartiers situés prés du port et en a endommagé d'autres à plusieurs kilomètres à la ronde, laissant sans abri environ 300 000 personnes.  

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Dès le lendemain de la double explosion, mercredi 5 août, l'aide humanitaire s'est organisée. La France a envoyé au total quatre avions militaires vers le Liban. Le porte-hélicoptères amphibie Tonnerre doit accoster lui à Beyrouth en milieu de semaine prochaine. Ce navire de guerre offre 69 lits d'hôpital et deux blocs opératoires en renfort des équipes déjà sur place, comme celle du docteur Ismaïl Hassouneh du Secours populaire, qui décrit une situation alarmante.

Franceinfo : comment vous-êtes vous préparé à agir, à l'annonce du drame ? 

Ismaïl Hassouneh : J'étais déjà à Beyrouth depuis quelques jours, pour une mission médicale dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19, quand j'ai entendu la terrible déflagration en fin d'après-midi mardi. Nous avons alors tout arrêté et ma mission médicale s'est transformée en mission d'urgence pour porter secours aux blessés. 

Le Secours populaire est présent depuis vingt ans sur le sol libanais, donc nous avons pu être trés reactifs. Nous avons dû trouver rapidement des places dans les hôpitaux pour soigner les nombreuses victimes. Il y a plus de 5 000 personnes à prendre en charge, ce qui est conséquent. Certaines d'entres elles se retrouvent à plus d'une centaine de kilomètres de la capitale car les hôpitaux sont saturés. Heureusement, l'hôpital principal qui prend en charge les malades de Covid-19 a été peu touché. Mais depuis deux jours, le virus est passé au second plan, même s'il est toujours présent.

Quels types de blessures présentent les victimes ?

Cette double explosion a eu de terribles conséquences, en entraînant l'effondrement d'immeubles et le bris de toutes les vitres aux alentours. L'onde de choc a été ressentie dans tout le Liban, même jusque sur l'île de Chypre, située à plus de 200 kilomètres du port de Beyrouth. Parmi les victimes, les blessures sont différentes en fonction du lieu où elles se trouvaient au moment de la déflagration.

Les victimes présentes aux alentours du port présentent de véritables blessures de guerre. Brûlures importantes, morceaux de chair déchiquetée, ce sont des blessures graves qu'il faut rapidement soigner.

Dr Ismaïl Hassouneh, Secours populaire

à franceinfo

Quant aux victimes qui étaient dans des quartiers plus éloignés, dans un rayon de 10 à 12 km environ, elles présentent majoritairement des coupures. Là où les façades ont été détruites, provoquant la projection d'énormément d'éclats de verre, les personnes souffrent d'importantes plaies sur le corps qui peuvent être très profondes et nombreuses. Nous avons des victimes avec plus d'une quinzaine de coupures sur le corps.

Dans un premier temps, nous avons dû gérer les blessés graves. Et actuellement, nous sommes en train de prendre en charge les autres blessés dans les différents hôpitaux de la région.

Comment pensez-vous que le Liban va se relever ? 

Etant présents dans ce pays depuis une vingtaine d'années, nous avons déjà vécu des situations similaires, avec la guerre de 2006 et un million de réfugiés à gérer. Mais autant de victimes en une seule explosion comme ça, c'est exceptionnel et rare.

Cela ressemble à une explosion nucléaire. Les conséquences sont énormes, avec 300 000 personnes sans toit d'un seul coup. C'est Hiroshima !

Dr Ismaïl Hassouneh

à franceinfo

Et cela arrive à un très mauvais moment pour le Liban. La reconstruction va prendre du temps. Pour ce qui est de la réédification complète des habitations situées près du port, il faudra au moins deux ans. Pour la réhabilitation des appartements, au moins six mois, et les habitations plus légèrement touchées, deux mois. 

Nous allons vers une crise humanitaire sans précedent. Car d'une part les Libanais n'ont plus les moyens de payer et le gouvernement subventionne la quasi-totalité des produits par la banque centrale. Et d'autre part, une grande partie des réserves alimentaires stockées sur le port ont été détruites. Heureusement qu'il y a une aide internationale qui s'est mise en place, avec un apport de moyens et de médicaments. 

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