Beyrouth : le président du Liban demande l'aide de la France pour "déterminer s'il y avait des avions ou des missiles" dans l'espace aérien lors des explosions

Article rédigé par Juliette Campion, Benoît Jourdain - Jean-Loup Adénor
France Télévisions
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Des secouristes recherchent des survivants dans les décombres, à Beyrouth, vendredi 7 août 2020.  (JOSEPH EID / AFP)

Le bilan continue de s'alourdir : l'énorme déflagration a fait plus de 150 morts et 5 000 blessés, sans oublier les dizaines de disparus et les centaines de milliers de sans-abri.

Ce qu'il faut savoir

Trois jours après l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth, le président libanais a indiqué, vendredi 7 août, avoir "personnellement" demandé à Emmanuel Macron "de fournir [aux autorités libanaises] des images aériennes pour que nous puissions déterminer s'il y avait des avions dans l'espace (aérien) ou des missiles" au moment des explosions. Le chef de l'Etat français a été reçu jeudi, lors de sa visite dans la capitale libanaise, par son homologue au palais présidentiel. 

"Il est possible que cela ait été causé par la négligence ou par une action extérieure, avec un missile ou une bombe", a déclaré Michel Aoun, lors d'un entretien avec des journalistes retransmis à la télévision. Selon le dernier bilan, la catastrophe a fait plus de 150 morts.

Les recherches de survivants continuent. Près de l'épicentre de la déflagration, les secouristes français, italiens, allemands et autres coordonnent leurs efforts et fouillent les décombres du port, où quatre corps ont été retrouvés dans la matinée. 
En l'absence de mesures d'aide prises par les autorités, des centaines de Libanais se sont mobilisés, dans un vaste élan de solidarité, pour poursuivre les opérations de déblaiement ou l'accueil des sans-abri.

L'aide internationale s'organise. Dans un tweet, le président du Conseil européen, Charles Michel, a indiqué qu'il se rendrait sur place pour "exprimer la solidarité de l'Europe à la population libanaise". L'Union européenne a débloqué 33 millions d'euros en urgence et la France a notamment dépêché du matériel médical et sanitaire. L'armée américaine a envoyé trois cargaisons d'eau, de nourriture et de médicaments. Des aides de l'Iran, des Emirats arabes unis et de l'Arabie saoudite sont attendues et la Russie a installé un hôpital de campagne pour désengorger les hôpitaux de la capitale.  

 L'OMS lance un appel de fonds. Pour répondre aux besoins sanitaires d'urgence du Liban, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé un appel de fonds de 15 millions de dollars (12,7 millions d'euros). De nombreux établissements de santé, dont cinq hôpitaux de la zone touchée par l'explosion, ont été endommagés et certains sont désormais hors service, a ajouté l'agence.

Des manifestants dispersés avec des grenades lacrymogènes. Dans la nuit de jeudi à vendredi, les forces de l'ordre libanaises ont utilisé des grenades lacrymogènes pour disperser des dizaines de manifestants très remontés après le drame, devenu le symbole de l'incompétence et de la corruption des autorités. Ces incidents surviennent à l'avant-veille d'une grande manifestation antigouvernementale, prévue samedi dans ce pays en proie à une crise économique inédite.

Macron dément toute ingérence. En visite au Liban, le président français a réfuté les accusations d'ingérence lancées après ses propos appelant à des réformes dans le pays. "Je ne suis pas en train de donner un diktat aux dirigeants", a déclaré le chef de l'Etat, dans une interview accordée à BFMTV, mais "les trois semaines qui viennent sont décisives dans l'avenir du Liban".