: Reportage "Hors de question" : en Israël, la population s'oppose de plus en plus aux propositions américaines de créer un État palestinien
L'armée israélienne poursuit vendredi 19 janvier ses frappes dans la bande de Gaza, avec des bombardements concentrés ces dernières heures sur le sud du territoire palestinien, notamment à Khan Younès. Sur le plan diplomatique, les désaccords se creusent entre Israël et les États-Unis. Le gouvernement de Benyamin Nétanyahou envisage de moins en moins la création d'un État palestinien, contrairement à son allié américain. Les États-Unis ont au contraire réitéré jeudi leur volonté de passer par cette solution, la seule pour "obtenir une véritable sécurité dans la région", a estimé le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken.
Franceinfo a donné la parole à des Israéliens, vendredi à Jérusalem, pour savoir ce qu'ils pensent de cette prise de position américaine.
"S'ils veulent nous tuer, alors nous devons les tuer"
Comme chaque vendredi de prière et avant le début du shabbat, musulmans et juifs se croisent dans les ruelles qui mènent les unes à l'esplanade des Mosquées, les autres au mur des Lamentations. Israël, un soldat qui officie près de la frontière avec le Liban, profite d'une permission tout en gardant son arme calée sur le haut de la poussette de ses deux petits enfants. Et il s'insurge des demandes américaines de création d'un État palestinien. "Les Palestiniens qui vivent ici, s'ils veulent nous tuer, alors nous devons les tuer, assène-t-il. Ceux qui souhaitent la paix, ils peuvent rester en Israël, mais ils ne doivent pas croire qu'ils vont avoir leur propre État, que nous allons leur donner de la terre. Ici, c'est la terre d'Israël. Et il est hors de question qu'ils prennent une part de notre pays."
Ces prises de position se renforcent d'autant plus après les attaques du Hamas du 7 octobre dernier, renchérit Lidor. Cette femme, qui se classe plutôt à gauche, n'a plus d'espoir d'arriver à des accords de paix. "C'est très triste mais je ne pense pas qu'il puisse y avoir d'État palestinien. Je ne crois pas que nous ayons d'interlocuteur pour parler de paix et de vivre ensemble. Le Hamas conduit les Palestiniens au désastre. Tout ce qu'ils ont fait le 7 octobre a été inhumain. C'est très difficile de faire à nouveau confiance."
"Mais quelle est la solution ?"
Aujourd'hui les Arabes israéliens en paient le prix, craignant de s'exprimer par peur de représailles. Mais ils font le vœu hors micro de voir naître un jour un État palestinien. "Il faut leur trouver une solution", plaide Aruth, un Arménien chrétien qui se désole des discours haineux du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou. "Il y a des millions d'Arabes ici. Qu'est-ce que tu fais avec ces Arabes ? C'est très difficile car c'est la seule façon de vivre, c'est impossible autrement. Dire jamais deux États, OK. Mais quelle est la solution ?", demande-t-il.
Aruth sort devant sa boutique de céramique pour nous montrer à nouveau juifs et musulmans qui se croisent, sans se regarder ni se parler.
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