Guerre Israël-Hamas : ce que l'on sait de l'accord pour la libération d'au moins 50 otages et une trêve de quatre jours

"Au moins 50 personnes enlevées – des femmes et des enfants – seront libérées pendant quatre jours au cours desquels il y aura une accalmie dans les combats", a déclaré le gouvernement israélien dans un communiqué mercredi.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des portraits d'otages retenus à Gaza depuis les attaques terroristes du 7 octobre en Israël, le 21 novembre 2023 à Tel-Aviv (Israël). (AHMAD GHARABLI / AFP)

Un premier répit après plus de six semaines de guerre. Le gouvernement israélien a donné, mercredi 22 novembre, son feu vert pour un accord permettant la libération d'au moins 50 otages capturés le 7 octobre par le Hamas, en échange d'une pause de quatre jours dans les combats à Gaza, et de la libération de prisonniers palestiniens.

Lors des attaques terroristes en Israël, environ 240 personnes avaient été enlevées et amenées dans la bande de Gaza, dirigée par le Hamas. En représailles, Israël a lancé d'intenses frappes et une opération terrestre contre l'organisation islamiste dans la bande de Gaza. L'accord obtenu mercredi marque le début d'une première trêve de plusieurs jours dans les combats, plus d'un mois après le début des hostilités. Grandes lignes, profils des otages libérés, réactions... Franceinfo fait le point sur cette étape clé du conflit entre Israël et le Hamas. 

Au moins 50 otages libérés contre une pause de quatre jours des combats 

"Le gouvernement a approuvé les grandes lignes de la première étape d'un accord selon lequel au moins 50 personnes enlevées – des femmes et des enfants – seront libérées pendant quatre jours", a déclaré le gouvernement israélien dans un communiqué. Peu après, les autorités du Qatar, au cœur des pourparlers, ont confirmé un accord pour une "pause humanitaire" dans la bande de Gaza. 

"Le début de cette pause sera annoncé dans les prochaines 24 heures et durera quatre jours, avec possibilité de prolongation", a déclaré sur X le ministère des Affaires étrangères qatari. Ce dernier s'est félicité du "succès" de sa médiation conjointe avec l'Egypte et les Etats-Unis.

Selon le communiqué, l'accord comprend bien "la libération de 50 civils (...) en échange de la libération d'un certain nombre de femmes et d'enfants palestiniens détenus dans les prisons israéliennes". Le Qatar précise que le nombre de prisonniers libérés, qui devrait être de 150 selon le Hamas, "va augmenter lors des étapes ultérieures de mise en œuvre de l'accord". 

La trêve va "permettre l'entrée d'un plus grand nombre de convois humanitaires et d'aide d'urgence" à Gaza, "y compris du carburant destiné aux besoins humanitaires". Le Hamas a salué les "dispositions de cet accord [qui] ont été formulées conformément à la vision de la résistance".

Pas de premier échange avant vendredi

Aucun otage aux mains du Hamas ne sera libéré avant vendredi, a annoncé le chef du Conseil national de la sécurité israélien, Tzachi Hanegbi, alors que la trêve et les premières libérations étaient attendues jeudi. "Les négociations pour la libération de nos otages se poursuivent sans cesse." Le début de la libération n'interviendra "pas avant vendredi", a-t-il indiqué dans la nuit, sans donner d'explications.

D'après un haut responsable de la Maison Blanche, qui s'exprimait face à la presse mardi soir, trois Américains font partie des 50 otages devant être libérés dans un premier temps. "Nous espérons qu'il y a des Français parmi eux", a également déclaré la ministre française de l'Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna, mercredi matin sur France Inter. La ministre a salué l'accord, qui marque "un moment de réel espoir". 

Cinq longues semaines de négociations 

Pour obtenir cet accord, cinq semaines de négociations "terriblement éprouvantes" ont été nécessaires, a déclaré mardi le haut responsable américain face à la presse. Ce dernier a décrit des "contacts quotidiens, parfois heure par heure" pendant des semaines entre Israéliens, Américains, Qataris et Egyptiens. 

Le haut responsable a évoqué des communications "difficiles" et laborieuses, car "les messages doivent passer par Doha et Le Caire jusque dans la bande de Gaza, et revenir dans l'autre sens". L'accord a commencé "à prendre forme" entre fin octobre et début novembre, mais le Hamas n'a alors fourni qu'une liste de dix noms d'otages qui pourraient être libérés. Il a fini par fournir 50 noms de femmes et d'enfants après des échanges entre le président américain et l'émir du Qatar, d'après cette même source. 

Toujours selon ce haut responsable, Israël a donné un premier accord le 14 novembre, mais le Hamas a par la suite cessé de répondre, puis a interrompu les échanges à plusieurs reprises une fois le contact rétabli. Le 18 novembre, une réunion à Doha a permis d'aboutir à un plan en "cinq à six pages", puis une réponse du Hamas a réglé les derniers points le lendemain. 

Les réactions se multiplient pour saluer l'accord

"Je salue l'annonce d'un accord pour la libération d'otages et une trêve humanitaire, a réagi Emmanuel Macron sur le réseau social X. Nous œuvrons sans relâche pour que tous les otages soient libérés. La trêve humanitaire annoncée doit permettre de faire entrer de l'aide et de porter secours à la population de Gaza."

Le président américain Joe Biden s'est dit "extraordinairement satisfait" à l'annonce de l'accord. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a "salué chaleureusement" cette décision. "La Commission européenne fera tout ce qui est en son pouvoir pour mettre à profit cette pause afin d'organiser un sursaut de l'aide humanitaire à Gaza", a-t-elle ajouté. L'Allemagne a approuvé cette "avancée" qu'il "faut mettre à profit pour acheminer une aide vitale aux habitants", a réagi la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock.

Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a souligné "le succès de la médiation de l'Egypte, du Qatar et des Etats-Unis". Un haut responsable de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée a déclaré que "son président Mahmoud Abbas et sa direction [saluaient] l'accord de trêve humanitaire". Pékin "salue" également cette libération d'otages et cette pause dans les combats à Gaza. De son côté, le Kremlin voit dans cet accord une "bonne nouvelle"

Des réserves en Israël

"Le gouvernement israélien, l'armée israélienne et les forces de sécurité poursuivront la guerre pour ramener toutes les personnes enlevées, éliminer le Hamas et garantir qu'il n'y ait plus aucune menace pour l'Etat d'Israël depuis Gaza", a prévenu l'exécutif israélien. "Nous confirmons que nos mains resteront sur la gâchette et que nos bataillons triomphants resteront aux aguets", a averti de son côté le Hamas. 

La trêve dans la bande de Gaza est le point de l'accord "qui dérange le plus", a estimé sur franceinfo Boaz Bismuth, député israélien du Likoud. "Il y a cette crainte de la part des Israéliens que peut-être, après, on va étaler la pause (…) et que tout à coup le Hamas retrouve comme ça par miracle Gaza, a-t-il dit. C'est inconcevable, ce cessez-le-feu est temporaire, les otages rentrent à la maison et la guerre recommence plus fort", juge-t-il.

"L'opinion publique israélienne est vraiment derrière les familles des otages", a commenté sur franceinfo Eleonore Weil, journaliste pour le quotidien israélien Haaretz. "La priorité pour 99% des Israéliens, c'est la libération des otages. Donc ils sont pour cet accord, pour un cessez-le-feu, avec les difficultés que cela comporte." Sur l'objectif de démantèlement du Hamas, "les Israéliens sont majoritairement derrière le gouvernement et derrière leur armée", estime-t-elle.

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