Emmanuel Macron à Ramallah, au siège de l'Autorité palestinienne : "À quoi bon ?" s'interrogent les habitants

À Ramallah, le siège de l'Autorité palestinienne, situé en Cisjordanie, personne ne se soucie réellement de l'arrivée d'Emmanuel Macron. Le chef de l'État français y a rencontré mardi 24 octobre, en fin d'après-midi, Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne. Un peu plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron était à Tel-Aviv pour exprimer la "pleine solidarité" de la France avec Israël après l'attaque du mouvement palestinien du Hamas qui a fait plus de 1 400 morts le samedi 7 octobre.  

Les habitants de Ramallah n'attendent donc pas Emmanuel Macron pour lui souhaiter la bienvenue. "Pour quoi faire, à quoi bon ?", questionne Sam, un Palestinien de 65 ans. "Il doit changer parce que sa position politique contre les Palestiniens est vraiment mauvaise. 'Israël a le droit de se défendre' ? Nous avons le droit de nous défendre. Nous sommes sous occupation. Nous voulons seulement vivre de la même manière que les autres personnes", poursuit-il. 

Dans la politique d’Emmanuel Macron et de son gouvernement, ce Palestinien voit surtout du racisme envers les musulmans. Il cite les polémiques sur le port du hijab. Les plus vieilles générations voient surtout le contraste avec Jacques Chirac, celui qui a dit non à la guerre en Irak ou qui a accueilli l’ancien dirigeant Yasser Arafat. Les jeunes générations, comme Nasser, 30 ans, sont beaucoup plus catégoriques : "Même si la France a fait quelque chose dans le passé, nous parlons de maintenant. Aujourd’hui, regardez ce que fait l’occupation israélienne en Cisjordanie occupée ou à Gaza, et Macron les soutient".

"Emmanuel Macron les soutient inconditionnellement ? Sans penser aux civils qui se font tuer ? C’est honteux, c’est insultant"

Nasser, un Palestinien de 30 ans

à franceinfo

"Franchement, je voudrais saluer les Français qui sortent dans les rues, ceux qui ont manifesté tous les jours alors que c’était interdit. Tous ceux qui ont élevé la voix pour nous soutenir. Je pense particulièrement à Karim Benzema", assure ce Palestinien.

Le président français est le seul chef d’État à avoir fait le déplacement jusqu’en Cisjordanie occupée, mais le sentiment d’abandon de la communauté internationale n’est pas nouveau. Il est partagé chez la quasi majorité des Palestiniens. "Depuis plus de 70 ans, le monde ne nous soutient pas. Alors je ne pense pas que les Palestiniens attendent quoi que ce soit de l’extérieur. La solution, c’est de libérer la Palestine et la rendre aux Palestiniens", explique l'un d'eux, qui estime d'ailleurs que les accords d'Oslo sont morts depuis bien longtemps. Il précise que ceux qui croient encore aujourd'hui à la solution à deux États ne les ont jamais vraiment écoutés.