: Vidéo Mort de Yahya Sinouar : "Je n'ai jamais connu quelqu'un d'aussi cruel", confiait un ancien des services secrets israéliens
Yahya Sinouar est mort. Israël a annoncé jeudi 17 octobre avoir "éliminé" le chef du Hamas, considéré comme l'architecte du 7-Octobre, lors d'une opération à Rafah, à Gaza. Il avait 61 ans. L'armée et les services du renseignement intérieur "confirment, qu'après une traque d'un an", des soldats "ont éliminé Yahya Sinouar (...) lors d'une opération dans le sud de la bande de Gaza" mercredi, a indiqué l'armée.
L'homme, dont les dernières heures ont été filmées par un drone de l'armée israélienne, a vu le jour en 1962 dans le camp de réfugiés de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, à l'époque sous administration égyptienne. En 1987, il rejoint le Hamas peu après sa fondation, avant de prendre rapidement du galon au sein du mouvement, en prenant notamment la tête de l'unité de renseignement qui punit les "collaborateurs", ces Palestiniens châtiés pour intelligence avec l'ennemi israélien. Il est alors surnommé le "boucher de Khan Younès", se souvenait Michael Kobi sur franceinfo.
Interrogé en novembre 2023, un mois après seulement les attaques du 7-Octobre, cet ancien cadre du Shin Bet, l’équivalent de la DGSI en France, revenait sur ses rencontres sous haute surveillance avec Yahya Sinouar, lorsqu'il était en prison dans les années 1990 : "Je n’ai jamais connu quelqu’un d’aussi cruel que Yahya Sinouar, décrit Michael Kobi.
"Il avait des yeux d’assassin. Il a tué de ses propres mains. C’est ce qu’il m’a raconté. Il a tué 12 personnes qu’il soupçonnait de travailler avec nous."
Michael Kobià franceinfo
Yahya Sinouar a passé 22 ans en prison avant d'être libéré en 2011, à la faveur d’un échange de prisonnier avec le soldat franco-israélien, Gilad Shalit. Lorsqu'il était en prison, il a été interrogé à plusieurs reprises dans les années 1990 par Michael Kobi, ancien des services secrets de l’État hébreu. Pendant 150 heures au total, Michael Kobi a mené ces interrogatoires en arabe de Khan Younès. "Il faut comprendre qu’à l’intérieur de l’enclave, l’arabe de la ville de Gaza n’est pas le même que celui de Khan Younès ou de Rafah", expliquait alors à franceinfo celui qui parle parfaitement sept dialectes arabes.
"Il parlait avec froideur, indifférence"
Déjà à cette époque, l’homme est clinique, direct, et il ne cache pas ses ambitions mortifères. "En 1989, il avait dit qu’il planifiait un grand massacre de juifs, conformément à la charte du Hamas. Il considère donc ce qu’il a fait comme une réussite. Nous aurions dû l’éliminer depuis longtemps", concédait l'ancien du Shin Bet.
Et de poursuivre : "À Gaza, ils l’ont surnommé le boucher de Khan Younès. C’était un homme intelligent, vif et charismatique. Mais il n’éprouvait pas de sentiment. Il parlait avec froideur, indifférence. Rien ne le touchait", poursuit-il. Avant de glisser que, trente ans après, il hante encore ses nuits : "Je rêve de Sinouar, j’y pense quand je mange… Tout le temps".
Et comme une prémonition alors, Michael Kobi estimait que le leader du Hamas "ne se rendra pas, il restera à Gaza". L'ancien des services secrets israéliens estimait qu'un fondamentaliste, comme Yahya Sinouar, ne pouvait que mourir en martyr.
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