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Témoignage "Je n'ai jamais connu quelqu'un d'aussi cruel" : un ancien des services secrets israéliens dresse le portrait de Yahya Sinouar, chef du Hamas

Surnommé le "boucher de Khan Younès" l'homme a organisé les massacres perpétrés en Israël début octobre. Aujourd'hui, il se cacherait dans des tunnels de Gaza. Lorsqu'il était en prison dans les années 1990, un ancien du Shin Bet l'a interrogé et dit se souvenir d'un homme "cruel" qui "n'avait pas de sentiment".
Article rédigé par Thibault Lefèvre
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le chef du Hamas Yahya Sinouar, lors d'une manifestation organisée pour marquer la Journée d'Al-Quds, une journée commémorative de soutien au peuple palestinien, dans la ville de Gaza le 14 avril 2023. (MAJDI FATHI / NURPHOTO)

Plus de 30 ans après, Yahya Sinouar hante encore les nuits de Michael Kobi, un ancien du Shin Bet, l’équivalent de la DGSI en France : "Je rêve de Sinouar, j’y pense quand je mange… Tout le temps".  Le Hamas a déclaré mardi 6 août avoir nommé son actuel numéro un dans la bande de Gaza, Yahya
Sinouar, comme chef à la suite de l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh.

Originaire de la ville de Khan Younès au sud de la bande de Gaza, Yahya Sinouar est l’architecte des attaques du 7 octobre et donc, l'ennemi public n°1 pour les Israëliens. Il dirige le Hamas dans l’enclave depuis 2017 et il se cacherait actuellement dans des tunnels sous le territoire qu’il administre encore.

Yahya Sinouar a passé 22 ans en prison avant d'être libéré en 2011, à la faveur d’un échange de prisonnier avec le soldat franco-israélien Gilad Shalit. Lorsqu'il était en prison, il a été interrogé à plusieurs reprises dans les années 1990 par Michael Kobi, ancien des services secrets de l’État hébreu. Pendant 150 heures au total, Michael Kobi a mené ces interrogatoires en arabe de Khan Younès. "Il faut comprendre qu’à l’intérieur de l’enclave, l’arabe de la ville de Gaza n’est pas le même que celui de Khan Younès ou de Rafah", explique celui qui parle parfaitement sept dialectes arabes. 

"Je n’ai jamais connu quelqu’un d’aussi cruel que Yahya Sinouar", décrit Michael Kobi. Il avait des yeux d’assassin. Il a tué de ses propres mains. C’est ce qu’il m’a raconté. Il a tué 12 personnes qu’il soupçonnait de travailler avec nous".

"Yahya Sinouar utilisait une machette, un couteau de boucher et il décapitait ses victimes"

Michael Kobi, ancien des services secrets israéliens

à franceinfo

"À Gaza, ils l’ont surnommé "le boucher de Khan Younès". C’était un homme intelligent, vif et charismatique. Mais il n’avait pas de sentiment. Il parlait avec froideur, indifférence. Rien ne le touchait", poursuit-il. 

Déjà à cette époque, l’homme est clinique, direct, et il ne cache pas ses ambitions mortifères. "En 1989, il avait dit qu’il planifiait un grand massacre de juifs, conformément à la charte du Hamas. Il considère donc ce qu’il a fait comme une réussite. Nous aurions dû l’éliminer depuis longtemps", concède l'ancien du Shin Bet. Selon Michael Kobi, le leader du Hamas vient donc d’accomplir la mission de sa vie : "Il ne se rendra pas, il restera à Gaza". L'ancien des services secrets israéliens estime qu'un fondamentaliste comme Yahya Sinouar ne peut que mourir en martyr.  

Un ancien des services secrets israéliens dresse le portrait de Yahya Sinwar, chef du Hamas

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