"Paradise Papers" : "Ce n'est pas un dysfonctionnement, c'est le cœur de la machine finance"
Le sénateur communiste Éric Bocquet a dénoncé sur franceinfo lundi le "caractère systémique" de l'évasion fiscale. Il a décrit "des banques, des cabinets d'audit et de conseil, des avocats fiscalistes, tout un système très sophistiqué."
Les "Paradise Papers" ne révèlent pas un "dysfonctionnement", ils sont au contraire le "cœur" du "système libéral mondialisé, financiarisé, dérégulé, de la machine finance qui veut accumuler, et surtout ne pas participer à la solidarité et au fonctionnement des sociétés et des États", a estimé Éric Bocquet, sénateur communiste du Nord, lundi 6 novembre sur franceinfo.
Le parlementaire est l'auteur avec son frère Alain Bocquet de Sans domicile fisc. En 2012, il a travaillé pour la Commission d'enquête sur l'évasion des capitaux et des actifs hors de France et ses incidences fiscales, dont il était le rapporteur.
Un système "très sophistiqué"
Éric Bocquet insiste sur le caractère "systémique" de l'évasion fiscale, qui se cache selon lui derrière les exemples de personnalités publiques et politiques épinglées par ces révélations : "On dit : 'Je veux optimiser ma charge fiscale', c'est l'expression politiquement correcte. Et des gens sont là pour aider. Il y a des banques, il y a des cabinets d'audit et de conseil, des avocats fiscalistes, tout un système très sophistiqué. Ces gens ont décidé un jour de jouer ce jeu-là".
Les États ont renoncé à leur pouvoir politique. Il n'y a que l'État qui peut lever l'impôt dans le monde, et ça, c'est insupportable pour les multinationales. Elles veulent gérer le monde en direct. Les États doivent reprendre la main pour construire des sociétés civilisées.
Éric Bocquet, sénateur communiste du Nordà franceinfo
Le sénateur réfute l'idée - portée notamment par l'OCDE - que des progrès spectaculaires ont été faits pour lutter contre l'évasion fiscale depuis la crise financière de 2008 : "Je salue le travail technique de l'OCDE, mais il manque la volonté politique des décideurs d'appliquer les recommandations. Comment expliquer que les Bermudes, dont il est question dans les 'Paradise Papers', ont été retirées de la liste française des paradis fiscaux depuis janvier 2014 ? Il y a bien eu un ministre ou un président qui a décidé ça !"
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