Paradise Papers : "C'est un système qui est institutionnalisé et massif"
Lison Rehbinder, chargée de plaidoyer Financement du développement au CCFD-Terre Solidaire, a accusé les multinationales de ne pas "respecter l'esprit de la loi" après les révélations des "Paradise Papers".
18 mois après les "Panama Papers", les "Paradise Papers" révèlent un nouveau scandale financier à l'échelle mondiale. La cellule enquête de Radio France s'est associée au Consortium international du journalisme d'investigation et le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung pour dévoiler l'argent caché dans les paradis fiscaux.
Les journalistes ont épluché des millions de documents qui ont fuités, issus du cabinet britannique Appleby, spécialisé dans l'optimisation fiscale. Ce cabinet d'experts en fiscalité conseille les entreprises et les grandes fortunes pour échapper à l'impôt en flirtant avec la légalité et en jouant avec les failles fiscales des différents pays. Pour Lison Rehbinder, chargée de plaidoyer Financement du développement au CCFD-Terre Solidaire, invitée lundi de franceinfo, on est face à "un système qui est institutionnalisé et massif".
franceinfo : que dévoilent les Paradise Papers ?
Lison Rehbinder : Les Paradise Papers semblent montrer que les paradis fiscaux sont au cœur de notre économie (...). Les pratiques d'évasion fiscale des multinationales ont souvent lieu dans le cadre de la légalité. Pour autant, quand les entreprises réussissent à se soustraire à l'impôt en créant des filiales dans les paradis fiscaux, elles le font dans le cadre de la loi, mais ne respectent pas l'esprit de la loi. Elles trouvent toutes les failles d'un système et elles réussissent à ne pas payer d'impôts là où elles ont une réelle activité. C'est un système qui est institutionnalisé et massif et qui a pour résultat de priver tous les États de ressources absolument nécessaires.
On trouve au coeur de ces révélations des personnalités proches du pouvoir...
C'est toujours très choquant quand il y a des personnalités politiques qui devraient être garantes de l'intérêt général dont on voit qu'elle utilisent les paradis fiscaux pour cacher certaines activités ou cacher des avoirs qu'elles ne déclarent pas à leur fisc.
Existe-t-il une complaisance des États ?
Il est important de remettre en valeur le rôle des cabinets comme le fameux Appleby, qui est un intermédiaire absolument central dans les pratiques d'évasions fiscales. Appleby conseille de riches particuliers, des multinationales sur tous les montages qu'ils peuvent faire pour échapper à l'impôt et ils ont toujours trois temps d'avance sur la législation et sur la régulation. Malgré les grands effets d'annonce, il y a encore des mesures centrales très simples pour lutter contre l'évasion fiscale qui manquent aujourd'hui sur des questions de transparences (...). Notamment sur la question de l'évasion fiscale des multinationales. On a besoin de savoir où les entreprises payent leurs impôts et quelles activités elles ont dans tous les pays où elles opèrent.
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