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Japon : ce que l'on sait de la gigantesque coulée de boue qui a fait trois morts et plusieurs dizaines de disparus

Après des pluies diluviennes, une coulée de boue a ravagé une partie de la ville d'Atami, sur la côte est du Japon, samedi 3 juillet. Le bilan, provisoire, pourrait s'alourdir dans les prochaines heures.

Article rédigé par franceinfo
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Une coulée de boue a emporté 130 habitations dans un quartier de la ville d'Atami, au Japon, le 3 juillet 2021. Voici une photo de la ville deux jours plus tard. (MASANORI INAGAKI / YOMIURI)

La course contre la montre est engagée pour trouver des survivants. Samedi matin, une gigantesque coulée de boue, due à de fortes pluies, a déferlé sur une partie de la ville côtière d'Atami, dans le centre-est du Japon, provoquant un gigantesque glissement de terrain et détruisant de nombreuses habitations sur son passage.

Plus de 48 heures après la catastrophe, le bilan humain pourrait s'alourdir. Trois personnes sont mortes, rapportent les autorités lundi 5 juillet, et des dizaines de personnes restent introuvables. 

Des pluies torrentielles à l'origine de la catastrophe 

En pleine saison des pluies, la situation climatique s'est dégradée en milieu de matinée, samedi 3 juillet, dans le centre du Japon. Des torrents de boue ont traversé une zone résidentielle de la station balnéaire d'Atami, située à flanc de montagne à environ 90 km au sud-ouest de Tokyo, balayant des dizaines d'habitations.

En à peine trois jours il est tombé davantage de pluie sur la ville côtière qu'en un mois de juillet normal. Celle-çi a reçu 313 mm de pluie alors qu'elle enregistre en moyenne chaque année 242 mm pour l'ensemble du mois de juillet. "Dans la ville d’Atami, ce déluge s’est abattu sur un sol déjà fragile. C’est une terre volcanique et la ville est vraiment construite à flanc de montagne avec énormément d’immeubles", relate sur franceinfo le journaliste Constantin Simon.

Au troisième jour de la catastrophe, lundi, de fortes précipitations continuent de tomber dans la préfecture de Shizuoka, la région où se trouve Atami, ainsi qu'à d'autres endroits du Japon. L'agence météorologique nationale a d'ailleurs prévenu que d'autres glissements de terrain pourraient se produire.

Des secouristes sur le terrain depuis trois jours  

Depuis le début de la catastrophe, 10 000 sauveteurs ont été mobilisés, ainsi que des chiens et des drones. Après un bref arrêt dimanche soir en raison des fortes précipitations, les secouristes, dont des soldats et des policiers, ont repris les recherches, lundi matin à 6 heures, pour trouver des survivants. 

Des policiers et des pompiers effectuent des recherches dans la ville d'Atami, dans la préfecture de Shizuoka (Japon), le 5 juillet 2021. (MAKOTO KONDO / YOMIURI)

Sous une forte pluie, ils utilisent des perches spéciales et des pelleteuses pour progresser au milieu de la boue et dégager des montagnes de débris. Ils peinent toujours à localiser plusieurs dizaines de personnes sur les 215 résidents qui étaient censés se trouver dans le secteur au moment de la catastrophe.

Un bilan provisoire de trois morts, qui pourrait s'alourdir  

Jusqu'à présent, le bilan provisoire fait état de trois personnes tuées et d'une vingtaine de personnes officiellement portées disparues. Lors d'une conférence de presse, dimanche soir, le maire d'Atami, Sakae Saito, avait expliqué que la vingtaine de personnes officiellement portées disparues était "un chiffre basé sur des informations envoyées à la localité au stade initial de la catastrophe" et donc susceptible d'évoluer.

Dès le lendemain, lundi, le Premier ministre japonais, Yoshihide Suga, a confirmé les incertitudes de ce bilan. "Le gouvernement national, en collaboration avec les autorités municipales, va vérifier [combien] de personnes sont portées disparues", a-t-il déclaré. "Les secouristes font de leur mieux pour sauver autant de personnes que possible, le plus rapidement possible", a-t-il insisté.

Du côté des secours, Hiroki Onuma, un des porte-parole de la gestion des catastrophes à Atami, a précisé, lundi à l'AFP, que "le nombre de personnes dont nous sommes sans nouvelles a été ramené maintenant à 80", contre 113 auparavant. "Nous travaillons dur pour consolider les chiffres aussi vite que possible", a-t-il ajouté. Un responsable local, Yuki Sugiyama, a également affirmé lundi à l'AFP, que "102 personnes sont saines et sauves" sur les 215 qui se trouvaient apparemment dans la zone touchée par le glissement de terrain.

Plus de 130 habitations détruites 

La coulée de boue a endommagé ou détruit environ 130 maisons et autres bâtiments sur son passage, transformant en un immense bourbier une partie de la station balnéaire. Elle laisse derrière elle un paysage de désolation avec des maisons éventrées, des voitures renversées et des amas de débris.

Une photo aérienne du 5 juillet 2021 montre les ravages provoqués par la coulée de boue à Atami, dans la préfecture de Shizuoka (Japon). (KANAME YONEYAMA / YOMIURI)


Dimanche, environ 2 800 foyers ont été privés d'électricité à Atami, selon la compagnie d'électricité Tepco. "Les gros pylônes électriques remuaient dans tous les sens. J'ai eu à peine le temps de me demander ce qui se passait, les vagues de boue étaient déjà là et dans la rue en contrebas aussi. J'ai vraiment eu peur", a témoigné Chieko Oki, 71 ans, employée dans une rue commerçante de la ville, interrogée par l'AFP. Un autre survivant a précisé à des médias locaux qu'il avait entendu un "bruit horrible" et qu'il avait fui vers les hauteurs, alors que des secouristes exhortaient les gens à quitter les lieux. Quelque 20 000 personnes ont dû être évacuées et ont été accueillies dans un centre. 

La circulation du Shinkansen, le train à grande vitesse japonais, a été temporairement suspendue entre Tokyo et Osaka (ouest du pays) à cause des fortes pluies. D'autres trains ont également été arrêtés.

La population invitée à quitter les lieux

Dans la zone touchée par les fortes pluies, il est très difficile de prévoir quand et où peut survenir un glissement de terrain. Le gouvernement a donc demandé à quelque 35 700 personnes, habitant essentiellement dans la préfecture de Shizuoka (où se trouve Atami), d'évacuer les lieux. "Les glissements de terrain peuvent se produire encore et encore au même endroit même si la pluie s'arrête. Les habitants et les secouristes doivent rester en alerte pour le moment", a détaillé Takeo Moriwaki, professeur d'ingénierie géotechnique à l'Institut de technologie d'Hiroshima.

Le changement climatique pointé du doigt

Atami n'est pas la seule ville en danger pendant cette saison des pluies. Trente autres villes japonaises sont également placées en état d'urgence. La saison des pluies, qui se déroule de fin mai à la fin juillet sur une bonne partie de l'archipel nippon, est une période redoutée par les habitants. Elle peut concentrer jusqu'à plus d'un quart des précipitations annuelles avec une météo imprévisible et provoque souvent des inondations et des glissements de terrain. Or selon des scientifiques, le phénomène est accentué par le changement climatique car une atmosphère plus chaude retient davantage d'eau, accroissant le risque et l'intensité de précipitations extrêmes.

Ces dernières années, l'archipel nippon est de plus en plus confronté à des inondations record assorties de glissements de terrain et avec souvent un lourd bilan humain. Début juillet 2018, de terribles crues dans l'ouest du Japon avaient causé plus de 170 morts. Deux ans plus tard à la même saison, des inondations dans le sud-ouest du pays avaient fait plus de 60 morts et disparus.

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