Cet article date de plus d'un an.

Iran : les gardiens de la révolution sont "des terroristes" et ils doivent être désignés ainsi par "les gouvernements du monde entier", plaide Reza, photographe franco-iranien

Installé en France, le photographe franco-iranien Reza appelle les gouvernements du monde entier à déclarer les gardiens de la révolution iraniens comme "groupe terroriste". 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le photographe franco-iranien Reza. (FREDERIC CHARMEUX / MAXPPP)

Les gardiens de la révolution sont "des terroristes", a répété jeudi 12 janvier sur franceinfo le photographe franco-iranien, Reza. Il appelle les "gouvernements du monde entier" à classer l'armée idéologique d'Iran comme tel. L'Allemagne et l'Union européenne envisagent cette possibilité, a déclaré dimanche la ministre des Affaires étrangères allemande, Annalena Baerbock.

En exil en France depuis 40 ans, Reza suit toujours de près le mouvement de contestation en Iran. Il est membre du collectif de soutien aux manifestants "Barayê", créé début octobre, quand la révolte contre le régime des mollahs a commencé. Selon lui, ils "se montrent moins dans les rues, mais cela ne veut pas dire que la contestation est complètement finie".

franceinfo : Comment vivez-vous ce qui se passe dans votre pays natal ?

Reza : Évidemment très mal, comme tous les Iraniens depuis 43 ans et surtout maintenant ces derniers mois. Le régime est en train de montrer sa brutalité et sa capacité de nuire, jusqu'à la dernière goutte de sang de tous les manifestants. Les Iraniens, et beaucoup d'autres gens aussi, vivent très mal cette situation en Iran.

Quand vous voyez ces femmes, parfois très jeunes, qui enlèvent le voile dans la rue, qui défient la police des mœurs, qui défient les mollahs en risquant leur vie, est-ce qu'il y a aussi un peu de fierté à voir ça ?

Evidemment. Je ressens cette fierté aussi parce que cette révolution des femmes, c'est presque la première dans l'histoire. Depuis un an, les femmes en Afghanistan défient les talibans et de la même façon les femmes en Iran, ont commencé aussi à se battre depuis longtemps contre ces obscurantismes religieux. Elles sont devenues les porte-drapeaux de ce mouvement de liberté dans ces pays – pas seulement l'Iran, l'Afghanistan – mais bientôt aussi d'autres pays du Moyen-Orient qui vont certainement avoir des meilleurs jours.

>> Faux certificats, disparitions et menaces : face à la répression en Iran, des médecins travaillent sous la menace constante des autorités

Vous avez toujours des contacts, des amis en Iran. Que vous disent-ils du climat qui règne dans le pays ?

Je n’ai jamais perdu le contact, surtout ces derniers temps. J'ai beaucoup d'élèves photographes que je forme grâce à Internet. Le régime croit qu'en faisant des exécutions, il fera peur aux gens. Certes, les gens se montrent moins dans les rues, mais cela ne veut pas dire que la contestation est complètement finie, au contraire, les jeunes créent chaque jour d'autres moyens de combattre.

Ceux à qui vous parlez restent déterminés malgré ce qui se passe aujourd'hui, malgré les 20 000 arrestations, malgré les condamnations à mort quasi-quotidiennes ?

A 100 % ! Ils sont encore plus déterminés encore. Un poème persan est beaucoup chanté ces jours-ci, qui dit ‘tu ne peux pas nous faire peur avec des têtes coupées’. Et ça, c'est quelque chose de très profond dans la culture, on ne peut pas faire peur aux gens en coupant la tête. C'est exactement ce qui se passe. Seulement, les méthodes sont en train de changer. Comme dans toutes les guerres, quand votre ennemi change de méthode, vous aussi vous changez la méthode et maintenant, d'autres moyens sont train de se mettre en place.

Dans les prochaines semaines, il y aura beaucoup, beaucoup de nouvelles méthodes de combat dans les rues, selon ce que je sais.

Reza, photographe franco-iranien

à franceinfo

Charlie Hebdo vient de provoquer une crise diplomatique entre Paris et Téhéran, en publiant des caricatures du guide suprême iranien, Ali Khamenei. Vous qui étiez l'ami de Georges Wolinski tué dans l'attentat contre Charlie en 2015, vous dites qu'il fallait les publier quoi qu'il en coûte ?

Absolument, il fallait les publier. Combien de journalistes ont été tués en Iran ? Combien de gens sont en prison maintenant pour leurs paroles, pour leurs petits dessins ou photographies ? Il faut donc que le monde entier, le monde libre se mette en marche par tous les moyens. Charlie Hebdo, c'est un des moyens pour moi, mais il y en a d'autres. Le chef des gardiens de la révolution menace à nouveau de mort les journalistes de Charlie Hebdo, c'est une raison supplémentaire qui doit pousser les gouvernements du monde à déclarer les gardiens de la révolution comme groupe terroriste. Il n'y a pas d'autre nom pour les nommer. Je suis témoin depuis 40 ans en tant que photographe, de tout ce qu’ils ont fait au Moyen-Orient, en Afghanistan, dans le Caucase, en Asie centrale… ce groupe terroriste est en train de semer la terreur partout et en menaçant encore une fois les journalistes de Charlie Hebdo.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.