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L'Iran ferme un institut de recherche français après la publication par Charlie Hebdo de caricatures d'Ali Khamenei

L'Iran a averti Paris qu'il réagirait après la publication de caricatures "insultantes" du chef suprême de l'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, dans le magazine satirique français Charlie Hebdo. Le pays a déjà annoncé la fermeture de l'Institut Français de Recherche en Iran.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
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Le Guide Suprême iranien Ali Khamenei, Téhéran, novembre 2022 (IRANIAN SUPREME LEADER OFFICE / MAXPPP)

Pour son premier numéro de 2023, dans une édition spéciale pour l'anniversaire de l'attentat meurtrier contre son bureau parisien le 7 janvier 2015, l'hebdomadaire satirique a publié des dizaines de caricatures mettant en scène la plus haute personnalité religieuse et politique de la République islamique d'Iran.

Il s'agit des caricatures retenues dans le cadre d'un concours lancé en décembre, alors que des manifestations se multipliaient en Iran après la mort en détention le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne arrêtée pour avoir enfreint le code vestimentaire strict du pays.

La riposte iranienne

"L'acte insultant et indécent d'une publication française en publiant des caricatures contre l'autorité religieuse et politique ne restera pas sans réponse efficace et ferme", a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian sur Twitter. "Nous ne permettrons pas au gouvernement français de dépasser les bornes", a-t-il ajouté.

Première action, la République islamique d'Iran a annoncé ce jeudi 5 janvier la fermeture de l'Institut français de recherche en Iran (IFRI). "Le ministère met fin aux activités de l'Institut Français de Recherche en Iran (IFRI) comme une première étape" de la réponse iranienne aux caricatures, affirme un communiqué du ministère iranien des Affaires étrangères.

Selon son site, l'IFRI est affilié au ministère français des Affaires étrangères. Situé dans le centre de Téhéran, il avait été fermé durant de longues années et avait rouvert sous la présidence du modéré Hassan Rohani (2013-2021) comme un signe du réchauffement des relations entre la France et l'Iran. Il comprend notamment une riche bibliothèque, utilisée par les étudiants de la langue française et des universitaires iraniens.

Côté français, le ministère des Affaires étrangères a affirmé ne pas avoir été officiellement mis au courant de cette fermeture. "Nous n'avons reçu aucune information officielle à ce stade concernant les annonces faites par voie de presse des autorités iraniennes relatives à la fermeture de l'Institut français de recherche en Iran (IFRI)", a souligné la porte-parole du quai d'Orsay Anne-Claire Legendre. "Elles seraient évidemment regrettables si elles se confirmaient", a-t-elle ajouté, soulignant que cet institut était "un haut lieu de culture et d'échanges".

Soutien au peuple iranien, selon Charlie Hebdo

Charlie Hebdo avait expliqué en décembre que ce "concours international pour produire des caricatures" de Khamenei visait à soutenir les "Iraniens qui se battent pour leur liberté". Les autorités affirment que des centaines de personnes, dont des membres des forces de sécurité, ont été tuées et des milliers d'autres arrêtées dans ce qu'elles décrivent généralement comme des "émeutes". Elles accusent des puissances étrangères et des groupes d'opposition d'attiser les troubles.

Le numéro de Charlie Hebdo contient plusieurs dessins d'ordre sexuel montrant l'ayatollah Khamenei et d'autres religieux iraniens, alors que d'autres caricatures dénoncent le recours à la peine capitale comme tactique pour intimider les manifestants. "C'était une manière de montrer notre soutien aux Iraniennes et aux Iraniens qui mettent en jeu leur vie pour défendre leur liberté face à la théocratie qui les opprime depuis 1979", a déclaré dans un éditorial le directeur de la publication Laurent Sourisseau, connu sous le nom de Riss. Tous les dessins publiés "ont le mérite d'avoir bravé l'autorité que prétend être le guide supposé suprême, ainsi que la cohorte de ses serviteurs et autres spadassins", a-t-il ajouté.

Le gouvernement français responsable selon l'Iran

À Téhéran, l'ambassadeur de France Nicolas Roche a été convoqué mercredi soir 4 janvier par le ministère des Affaires étrangères. "La République islamique d'Iran, n'accepte, en aucune façon, l'insulte de ses valeurs (...) islamiques, religieuses et nationales (...) et la France n'a pas le droit d'insulter ce qui est sacré (...) pour les pays musulmans sous le prétexte de la liberté d'expression", a indiqué le porte-parole du ministère Nasser Kanani. L'Iran "considère le gouvernement français responsable pour cet acte haineux, insultant et injustifié", a-t-il ajouté dans un communiqué, précisant attendre des "explications" de Paris. 

Nathalie Loiseau, une députée française du Parlement européen et ancienne ministre (2017-2019), a elle décrit la réaction iranienne comme une "tentative d'ingérence" et une "menace" sur Charlie Hebdo. "Que ce soit parfaitement clair : le régime répressif et théocratique de Téhéran n'a aucune leçon à donner à la France", a-t-elle dit sur Twitter. 

A Washington, le porte-parole du Département d'Etat Ned Price, questionné au sujet des caricatures publiées mercredi, a indiqué à la presse que les Etats-Unis se tenaient "du côté de la liberté d'expression", que ce soit "en France ou en Iran".

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