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"Nous souhaitons que la situation de 'l'Aquarius' soit un événement déclencheur pour une prise de conscience", réagit SOS Méditerranée

Après deux jours de flottement en mer Méditerranée et les refus de l'Italie et de Malte, l'Espagne a décidé d'accueillir les 629 migrants à bord du navire de l'ONG.

Article rédigé par franceinfo - Coline Vazquez
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"L'Aquarius", le navire de l'ONG SOS Méditerranée qui vient en aide aux migrants, le 6 mai 2018. (LOUISA GOULIAMAKI / AFP)

Ils ont finalement trouvé un port où débarquer. Les 629 migrants à bord du navire Aquarius vont pouvoir accoster à Valence, en Espagne, après que l'Italie et Malte ont refusé, dimanche 10 juin, d'accueillir le bateau et ses passagers. Une situation "inacceptable", dénonce Antoine Laurent, responsable des opérations maritimes pour SOS Méditerranée, interrogé par franceinfo. L'ONG tente d'alerter sur les conséquences de ce choix qui met en péril la vie des migrants, et sur la responsabilité de l'Europe.

Franceinfo : La décision de l'Italie vous a-t-elle surpris ? 

Antoine Laurent : C'est une situation à laquelle on s'attendait. On avait déjà envisagé un scénario de ce type où on aurait à patienter, à prolonger notre période en mer avec des rescapés à bord. Même si, depuis une dizaine d'années, l'Italie s'est, entre guillemets, portée volontaire pour assurer la coordination et même les sauvetages dans cette zone, son objectif est clair depuis longtemps. Ce n'est pas la première fois qu'elle menace de fermer ses portes et menace les autres pays européens de devoir prendre leur part [dans la gestion des arrivées de migrants]. D'ailleurs, ça fait des mois qu'on sait que l'Italie veut mettre la pression sur Malte.

Si ce qu'ils ont fait n'est pas illégal, c'est tout à fait contraire aux principes fondamentaux des conventions maritimes.

Antoine Laurent

à franceinfo

Le gouvernement précédent n'avait pas trop envie de prendre le risque d'être en contradiction totale avec le droit. Le gouvernement actuel, lui, semble un peu moins attaché aux conventions internationales.

Ils ont eu l'audace et le culot d'enfreindre les règles.

Antoine Laurent

à franceinfo

Mais si ce pays se retrouve dans cette situation c'est parce qu'il est lâché par l'Europe sur le sujet migratoire. Les accords de Dublin l'exposent à des pressions. Les flux migratoires sont gérés par étranglement sur le sud de l'Italie. Donc, évidemment, que ça crée des problèmes et, évidemment, ça met les Italiens en colère. Non pas qu'ils aient une haine envers ces personnes, même si la haine se développe et si elle couve. Mais c'est légitime pour eux de dire : "Ce n'est pas à nous d'assumer un phénomène qui concerne l'Europe toute entière".

Comment avez-vous perçu la réaction de pays comme la France qui ont dénoncé la décision de l'Italie ? 

On aurait espéré une mobilisation un peu plus ambitieuse de la part des États européens de manière générale. Maintenant, ce qu'on souhaite, c'est que ce qu'il s'est passé soit un événement déclencheur pour une prise de conscience à l'échelle européenne, qu'on sorte de la perspective nationale pour vraiment gérer le sujet à la dimension qu'il mérite. Mais surtout qu'on ne se contente pas des rescapés qui sont sur l'Aquarius mais des 30 000 qui sont rentrés depuis janvier.  

Quelle est la responsabilité de l'Europe ?

Cette situation un échec total pour l'Italie mais aussi pour l'Europe. Je veux insister sur le côté inhumain et incohérent de l'Europe qui intercepte les migrants en mer grâce aux gardes-côtes libyens, pour les renvoyer en Libye alors qu'ils y sont torturés et réduits à l'esclavage tous les jours. 

Il faut imaginer des hommes et femmes qui ont qui erré pendant des semaines dans le désert, qui ont été exploités et extorqués car ils sont vulnérables. Ils se retrouvent sur un bateau totalement effrayés, traumatisés...

Antoine Laurent

à franceinfo

Ils sont secourus d'urgence et là on leur dit "Vous allez passer 6 jours en mer parce que l'île européenne en face de vous ne veut pas vous accueillir". C'est ce que cherche à faire l'Europe et c'est inacceptable.

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