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Sanctions contre la Russie : "Nous allons avoir une montée des prix du gaz, de l'électricité et du pétrole", estime un historien et économiste

Selon Philippe Chalmin, les exportations de céréales par la Russie et l'Ukraine risquent aussi d'être mises à mal par le conflit.

Article rédigé par franceinfo
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Le secrétaire d'Etat Antony Blinken regarde le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba alors qu'il s'exprime lors d'une conférence de presse à Washington le 22 février 2022. (CAROLYN KASTER / POOL)

"Nous allons aussi avoir une montée des prix du gaz, de l'électricité et du pétrole", explique mercredi 23 février sur franceinfo Philippe Chalmin, historien et économiste, spécialiste des marchés des matières premières et de l’énergie, professeur à Paris Dauphine, alors que les premières sanctions contre la Russie ont été annoncées par l’UE et les USA.

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franceinfo : Les sanctions ne vont-elles pas se retourner contre nous ?

Philippe Chalmin : C'est un jeu où les uns et les autres se tiennent par la barbichette. Il est clair que les sanctions peuvent avoir des conséquences notamment pour les investisseurs qui se trouvent sur le sol russe. La France est un gros investisseur sur la Russie, que ce soit dans le domaine de l'industrie, de l'énergie, je pense à Total. Si nous coupions toutes nos relations économiques avec la Russie cela aurait un impact. Le principal impact pour l'instant ce sont les conséquences que cela peut avoir sur le prix du gaz.

L'Europe importe 40% de son gaz de la Russie. Est-ce qu'il y a un risque d'approvisionnement ?

Ce pourcentage est beaucoup plus important pour les pays des Balkans et l'Allemagne en particulier. La France en est beaucoup moins dépendante, mais nous sommes dans un système gazier européen et le prix est à peu près le même pour tous. Hier, il a pris une dizaine de pourcents. En toute logique les prix devraient monter encore au fur et à mesure que l'on saura si le gaz russe continue ou non d'arriver. Le gaz russe passe par l'Ukraine, par les Balkans, par la Baltique.

L'Allemagne a décidé de ne pas mettre en service Nord Stream 2, le système de gazoduc reliant la Russie à l'Allemagne via la mer Baltique. Est-ce symbolique ?

C'était un projet économique majeur pour l'Allemagne mais aussi pour la Russie parce que cela permettait à la Russie d'exporter son gaz en contournant à la fois l'Ukraine et la Pologne. Les Ukrainiens et les Polonais y étaient férocement opposés tout comme une partie de la classe politique allemande. Ce qui est important et la conséquence la plus forte que nous allons ressentir à travers cette hausse des prix du gaz, ce sont à nouveau des tensions sur le prix de l'électricité en Europe. Pour le gaz comme pour l'électricité, il n'y aura pas de problème de pénurie mais cela va nous coûter plus cher. Nous allons aussi avoir une montée des prix du pétrole. On a quasiment passé la barre des 100 dollars le baril.

Quels sont les autres domaines touchés ?

La Russie et l'Ukraine sont de très gros exportateurs de céréales. Pour l'instant, les livraisons ne sont pas affectées. En 2014, au moment de l'invasion de la Crimée, il n'y avait pas eu de problème. Là, c'est un peu plus grave. Entre le Donbass, la République de Lougansk et la Crimée il y a tout un littoral et c'est manifestement ce littoral qui est le prochain objectif de Vladimir Poutine. Il y a les ports relativement importants, il y a quasiment 40% de la production céréalière ukrainienne. Plus grave peuvent être les problèmes d'approvisionnement que nous aurions sur des métaux stratégiques russes, titane, palladium, nickel et même aluminium.

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