Sanctions contre la Russie : la Suisse choisit une voie médiane, comme après la crise en Crimée de 2014
La Suisse ne va pas s'aligner sur les sanctions occidentales envers la Russie, mais va "empêcher le contournement" de ces mesures.
Quel rôle la Confédération helvétique va-t-elle jouer dans le conflit russo-ukrainien ? La Suisse a décidé jeudi 24 février de ne pas s'aligner sur les sanctions occidentales envers la Russie, mais va prendre les mesures nécessaires pour éviter d'être utilisée comme base de contournement par Moscou.
"Pour des raisons de neutralité", la Suisse, après l'annexion de la Crimée en 2014, n'avait pas repris directement les sanctions prises à l'époque par l'Union européenne à l'encontre de la Russie, a rappelé le président suisse, Ignazio Cassis, lors d'une conférence de presse. Le Conseil fédéral (l'équivalent du gouvernement) avait en revanche "édicté une ordonnance visant à empêcher le contournement des sanctions de l'UE via la Suisse", a-t-il dit, à l'issue d'une réunion extraordinaire.
La Suisse avait ainsi établi une liste de personnes et d'entreprises russes avec lesquelles les intermédiaires financiers ne sont pas autorisés à nouer de nouvelles relations d'affaires. Si ces relations existaient déjà, elles étaient soumises à autorisation.
L'importance de la Suisse dans l'économie russe
C'est cette voie médiane que le Conseil fédéral a décidé de poursuivre, après l'invasion russe de l'Ukraine. Qui dit neutralité "ne veut pas dire indifférence", a souligné le président suisse, auprès des journalistes. "Les sanctions de l'UE adoptées doivent être intégrées dans cette ordonnance sous forme de mesures visant à empêcher le contournement", a-t-il indiqué. "Certaines mesures seront renforcées, notamment dans le domaine financier", a-t-il ajouté.
La décision prise par la Suisse est d'importance du fait du rôle que joue la place financière helvétique en Europe. Pétrole, grains et métaux russes font la fortune du négoce helvétique. Ainsi, la majorité du pétrole russe est négocié à Genève et la société gérant le gazoduc Nord Stream 2 (dont l'Allemagne vient de suspendre les travaux) a aussi son siège en Suisse, à Zoug.
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