Rencontre Xi Jinping-Poutine : partenaire économique plus qu'allié politique, la Russie est "surtout un embarras pour Pékin", selon un spécialiste
Vladimir Poutine va rencontrer son homologue chinois Xi Jinping, ce jeudi, au Sommet régional en Ouzbékistan. L'occasion de "montrer qu'il n'est pas seul", selon un professeur de relations internationales.
La rencontre entre Xi Jinping et Vladimir Poutine, jeudi 15 septembre, lors du sommet régional qui débute en Ouzbékistan est "une occasion" pour le président russe de "montrer qu'il n'est pas seul", explique Frédéric Charillon, professeur de relations internationales à l'Essec et à Sciences Po, ce jeudi sur franceinfo. Selon lui, la Russie "est surtout un embarras pour Pékin", un partenaire économique nécessaire, doublé d'un associé "qui est en train de perdre du terrain".
franceinfo : Quel est l'intérêt de ce sommet ?
Frédéric Charillon, professeur de relations internationales : Clairement, pour Vladimir Poutine, c'est une tentative de montrer qu'il n'est pas seul. C'est le message qu'il essaye de vendre, y compris en interne à sa propre population, parce que pour le moment les choses n'ont pas l'air de se passer très bien pour la Russie. En Ukraine, le Kremlin s'attendait à quelque chose de plus rapide, plus efficace et plus réussi. Mais, militairement, ça ne se passe pas bien. Économiquement, les sanctions, même si l'économie russe semble résister, vont à moyen terme faire des dégâts considérables. Ensuite, il s'agit de dire "nous ne sommes pas seuls, non, l'Occident ne nous a pas isolé".
Mais ce sommet n'est pas là pour afficher un soutien à la Russie dans la cadre de la guerre en Ukraine ?
Non, mais ce sommet tombe bien. En effet, c'est une organisation qui existe depuis longtemps. Ce sommet n'est pas convoqué pour cette occasion entre pays qui auraient décidé de soutenir Moscou. Il ne s'agit pas de ça. Mais cela reste une occasion que Vladimir Poutine peut tenter de saisir pour montrer qu'il n'est pas seul.
Comment qualifiez-vous les relations entre la Chine et la Russie, c'est plus un partenaire qu'un allié ?
C'est surtout un embarras pour Pékin. Un partenaire, c'est certain, mais le passage au statut d'allié est plus compliqué, parce qu'il y a eu l'Ukraine. On peut imaginer que si, effectivement, l'aventure russe s'était mieux déroulée avec succès immédiat, ça aurait été différent. La Chine s'est engagée assez fortement avec un partenaire qu'elle a soutenu juste avant l'invasion de l'Ukraine, qu'elle a soutenu fortement et publiquement. Mais, aujourd'hui, elle se retrouve non pas liée mais associée avec quelqu'un qui est en train de perdre du terrain.
Pékin a-t-il toujours intérêt à maintenir des relations aussi fortes avec la Russie ?
Pékin a intérêt à maintenir d'excellentes relations avec la Russie parce qu'il y a une opportunité économique très forte à saisir. Mais se fâcher définitivement avec Washington, c'est une autre affaire. S'associer totalement avec Vladimir Poutine, jusqu'à rompre les ponts avec l'Occident, ça ne serait pas un bon calcul. La politique étrangère chinoise a toujours été très prudente. C'est une politique étrangère qui ne fait d'ailleurs pas beaucoup d'erreurs, qui ne prend pas beaucoup de risques non plus. On a rarement vu la Chine s'engager fortement dans des dossiers internationaux. C'est plutôt une politique prudente. On retrouve aujourd'hui cette prudence doublée d'un embarras. Je crois qu'aujourd'hui Pékin attend de voir. Sauf que le temps passe et que ce conflit dure.
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