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Le journal "Novaïa Gazeta Europe" renaît pour "donner une information juste" aux Russes

"Novaïa Gazeta", symbole de la liberté d'expression en Russie, a dû suspendre son activité fin mars. Une partie de l'équipe a quitté le pays pour fonder une édition européenne du journal.

Article rédigé par franceinfo - Julie Pietri, édité par Pheline Leloir-Duault
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'entrée de l'immeuble du Novaia Gazeta à Moscou, le 28 mars 2022, jour de la suspension du journal. (YURI KOCHETKOV / EPA VIA MAXPPP)

C'était le dernier journal indépendant en Russie, et un symbole majeur de la lutte pour la liberté d'expression : Novaïa Gazeta, fondé par Anna Poltikovskaia et d'autres journalistes tués pour avoir fait leur métier. Ses dirigeants ont jugé qu'il était trop dangereux de continuer leur travail, alors qu'une nouvelle loi sur les médias punit de 15 ans de prison toute diffusion d'information "mensongères", c'est-à-dire non alignées sur le discours du Kremlin sur la guerre. Le journal a annoncé fin mars suspendre ses publications en ligne et au format papier.

Si une partie de l'équipe est restée vivre sur place, une autre a fui pour créer un nouveau média, indépendant juridiquement : Novaïa Gazeta Europe a déjà commencé à publier des articles, des émissions sur l'actualité russe et internationale, sur les réseaux sociaux principalement.

En Russie, Novaïa Gazeta représentait plus de 3 millions de vues sur le net chaque jour. Son petit frère, Novaïa Gazeta Europe, basé à Riga en Lettonie, c'est déjà 100 000 fidèles lecteurs, via la messagerie Telegram, et une présence sur les réseaux sociaux, et notamment sur YouTube. Le site internet est en préparation et affiche en page d'accueil un compte à rebours : mise en ligne prévue mercredi 20 avril. A la tête de Novaïa Gazeta Europe, le journaliste russe Kirill Martinov. "La situation est simple. On a besoin de recommencer à travailler le plus vite possible pour donner une information juste. Parce que, dans les circonstances graves actuelles, les Russes ont besoin de cette information. On doit leur donner."

"Evidemment, il n'est pas possible de travailler comme journaliste indépendant en Russie, détaille Kirill Martinov. Notre journalisme se situe donc entre, d'un côté, une 'opération sous couverture', comme des espions ; et de l'autre côté, pour réussir à transmettre cette information aux Russes, on ressemble à une start-up digitale, capable de lutter contre la censure sur Internet."

Dans l'équipe aujourd'hui, une trentaine de journalistes en exil. Pour reconstruire une rédaction et avoir les moyens de travailler, ils sont soutenus par JX Fund, un fonds de soutien aux journalistes en exil lancé entre autres par Reporters sans frontières, dont Pauline Ades Mevel est la porte parole. "Les fonds collectés vont servir à ces journalistes pour travailler, acheter du matériel, se poser, commencer à enquêter, comme ils le feraient dans n'importe quelle rédaction." Pour soutenir Novaïa Gazeta et deux autres médias russes indépendants, 1 million et demi d'euros ont déjà été récoltés.

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