Guerre en Ukraine : le journal indépendant russe "Novaïa Gazeta" suspend sa publication
Depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine, les sites de nombreux médias russes ou étrangers ont été bloqués en Russie. "Novaïa Gazeta" faisait figure de dernier bastion de la presse libre encore en activité.
"Pas d'autre solution" face à la "censure militaire". Le journal indépendant russe Novaïa Gazeta a annoncé, lundi 28 mars, suspendre ses publications jusqu'à la fin de la guerre en Ukraine. Le journal a pris cette mesure après avoir reçu un second avertissement du gendarme russe des télécoms pour manquement à une loi controversée sur les "agents de l'étranger".
Concrètement, il est reproché à Novaïa Gazeta de n'avoir pas précisé qu'une ONG mentionnée dans l'un de ses articles était qualifiée "d'agent de l'étranger" par les autorités russes, comme l'exige la loi.
Des enquêtes sur les violations des droits humains
Pilier du journalisme d'investigation, Novaïa Gazeta publie depuis près de trente ans des enquêtes sur la corruption et les violations des droits humains en Russie. En 2021, ce travail, qui a coûté la vie à plusieurs de ses reporters, a valu à son rédacteur en chef, Dmitri Mouratov, le prix Nobel de la Paix.
Ce prix et l'aura internationale de Novaïa Gazeta semblaient jusqu'à présent l'avoir relativement préservé des pressions. Mais depuis le début de l'offensive russe en Ukraine, le 24 février, les autorités resserrent encore leur étau autour des derniers médias indépendants du pays.
Selon Dmitri Mouratov, la rédaction a poursuivi son travail pendant 34 jours "dans les conditions d'une censure militaire", depuis le lancement de l'invasion russe. Le 22 mars, il avait annoncé vendre sa médaille de prix Nobel au profit des réfugiés ukrainiens.
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