La Russie durcit la répression contre les opposants à la guerre et les médias, en pleine invasion de l'Ukraine
La chambre basse du Parlement (Douma) a adopté à l'unanimité un amendement qui prévoit des peines pouvant aller jusqu'à quinze ans de prison en cas de propagation d'informations visant à "discréditer" les forces armées.
L'étau se resserre sur les médias et les citoyens russes. La Russie a mis sur les rails de lourdes sanctions pénales en cas de propagation d'"informations mensongères sur l'armée", vendredi 4 mars, dernière illustration du tour de vis intérieur qui accompagne l'invasion de l'Ukraine. Le Parlement a adopté à l'unanimité un amendement qui prévoit des peines pouvant aller jusqu'à quinze ans de prison en cas de propagation d'informations visant à "discréditer" les forces armées. Le président russe Vladimir Poutine a signé le document, qui est donc entré en vigueur.
Un autre amendement adopté prévoit des sanctions pour les "appels à imposer des sanctions à la Russie", dont l'économie est en difficulté face aux mesures de rétorsion occidentales après l'invasion de l'Ukraine. Ces textes, qui s'appliquent à la fois aux médias et aux particuliers, renforcent l'arsenal des autorités dans la guerre de l'information qu'elles mènent en Russie.
L'espace des médias se réduit
La loi adoptée vendredi produit déjà des effets. Vendredi, la Novaïa Gazeta, plus célèbre des journaux indépendants russes, a annoncé la suppression de certains de ses contenus sur l'invasion de l'Ukraine pour éviter les sanctions. "Mais nous avons décidé de continuer à travailler", a assuré le média du prix Nobel de la Paix 2021 Dmitri Mouratov. La BBC a de son côté annoncé "suspendre temporairement le travail de tous les journalistes" de son bureau dans le pays.
Quelques heures plus tôt, le régulateur des médias Roskomnadzor avait restreint l'accès dans le pays au site russophones de la BBC, ainsi que de la télévision allemande Deutsche Welle, du site indépendant Meduza et de Radio Svoboda, antenne russe de RFE/RL.
La veille, l'emblématique station de radio Ekho Moskvy (Echo de Moscou) avait annoncé sa dissolution, et la chaîne de télévision indépendante Dojd la suspension de son activité, après le blocage de leurs sites.
En outre, selon l'ONG OVD-Info, plus de 8 000 personnes ont été arrêtées en Russie pour avoir manifesté, notamment à Moscou et Saint-Pétersbourg, contre l'invasion de l'Ukraine depuis le 24 février, jour de son déclenchement.
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