Cet article date de plus de deux ans.

Guerre en Ukraine : le militaire français, dont le témoignage est remis en cause, invité par la télévision russe

Adrien Bocquet, un ancien militaire français qui prétend avoir constaté des crimes de guerre commis par l'armée ukrainienne à Boutcha, a été invité ce mardi à la télévision russe. Face caméra, il a affirmé avoir assisté à la scène, malgré le démenti des autorités.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un plateau de télévision, photo d'illustration.  (ATTILA KISBENEDEK / AFP)

Son témoignage a déjà beaucoup fait parler en France les dernières semaines : Adrien Bocquet accumule les passages télé et les enquêtes à charge. Cet ancien militaire s'est rendu en Ukraine pour une mission humanitaire. Il affirme avoir vu, dans la région de Boutcha, des soldats ukrainiens tirer sur des prisonniers de guerre russes.

>> Guerre en Ukraine : suivez la situation en direct

Sauf que, depuis ses premières apparitions médiatiques, son témoignage est sérieusement remis en cause par plusieurs enquêtes journalistiques. Des articles qui n'ont pas dû arriver jusqu'en Russie, où la télé d'État lui a déroulé le tapis rouge sur la première chaîne ce mardi 7 juin 2022.

Le Français a eu les honneurs de Vremya, l'émission d'information la plus regardée en Russie : "Le volontaire français Adrien Bocquet est un témoin extrêmement gênant pour les autorités de Kiev", affirme la présentatrice en présentant ce "témoin exceptionnel" de l'opération spéciale du Kremlin en Ukraine. Face caméra, sur la Place Rouge, puis dans un bureau, les Russes ont pu le voir commenter une vidéo où l'on reconnaît des soldats russes prisonniers, abattus par des militaires ukrainiens. "Je l'ai vu vivant ce monsieur-là. Et quelques minutes après, son crâne avait explosé", détaille-t-il en français.

Nombreuses incohérences

Pour la télévision d’État, ce témoin a "compris à quel point les méthodes de guerre des nationalistes ukrainiens diffèrent des unités russes". Si la vidéo semble authentique, comme l'a examiné le New York Times la datant des alentours du 30 mars, le témoignage de cet "humanitaire" français semble en revanche nettement plus contestable. La présence d'Adrien Bocquet, sur les lieux n'a en effet jamais été prouvée. Ce n'est pas lui qui a tourné ces images et l'ambassade d'Ukraine en France affirme qu'il est entré en Ukraine quelques jours après ce tournage, comme le soulignaient déjà des enquêtes de Libération et du collectif ukrainien Stopfake.

Ce témoignage comporte de nombreuses incohérences mais qui n'ont pas manifestement dérangé la télévision russe. Le témoignage d'Adrien Bocquet présente l'avantage de parfaitement coller au discours du Kremlin, surtout quand il affirme, lui aussi, que les néo-nazis sont partout en Ukraine.

Les journalistes russes ont même remarqué qu'il portait sur son gilet pare-balles l'écusson d'une groupe ultra-nationaliste ukrainien, interdit en Russie : "Secteur droit". Gêné, le Français a alors répondu qu'il ne le savait pas. "On m’a dit que c’était de la résistance. Si je l’avais su, je ne l’aurais certainement pas mis", a-t-il confessé. 

Selon la Russie, le massacre de Boutcha,  où des corps de civils ont été découverts après le retrait des troupes envoyées par le Kremlin, ne serait qu’une "mise en scène". L’histoire ne dit pas si cet "humanitaire" français à été invité à Moscou par la télévision publique ou s’il est venu de son propre chef. Malgré plusieurs tentatives, nous n’avons pas réussi à le joindre.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.