"Escalade guerrière", "encore plus inquiet"... Les réactions très critiques des politiques après la réunion sur l'Ukraine à l'Élysée

À la sortie de la réunion entre Emmanuel Macron et les chefs de parti à l'Élysée jeudi matin, ces derniers dénoncent l'absence de "limites" posées par le chef de l'État au soutien français à l'Ukraine.
Article rédigé par franceinfo
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Jordan Bardella, Marine Tondelier et Manuel Bompard ont critiqué la ligne d'Emmanuel Macron sur l'Ukraine, jeudi 7 mars 2024. (STEPHANE DE SAKUTIN / DIMITAR DILKOFF / AFP / AMAURY CORNU HANS LUCAS VIA AFP)

Les critiques fusent après la réunion sur l'Ukraine qui s'est tenue à l'Élysée jeudi 7 mars. Emmanuel Macron a reçu les chefs de parti pour évoquer le conflit en amont d'un débat et d'un vote au Parlement la semaine prochaine et après avoir évoqué l'éventualité d'un envoi de troupes occidentales sur le terrain. Le président a assuré aux chefs de parti qu'il n'y avait pas de "limite", pas de "ligne rouge" au soutien de la France à l'Ukraine, ont indiqué plusieurs d'entre eux à franceinfo.

Cette position n'a pas convaincu les chefs de parti. Après près de trois heures de discussions, certains disent ressortir de la réunion plus inquiets qu'avant leur arrivée à l'Élysée. La plupart des participants regrettent que le président ne pose pas de "limites" au soutien à l'Ukraine, certains allant jusqu'à dénoncer une "escalade guerrière".

"La France doit mettre des lignes rouges", estime Jordan Bardella

"On peut envisager beaucoup de solutions, mais pas de plonger deux bras en avant dans la guerre mondiale", a déclaré le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, à l'issue de la réunion. "Le président de la République est prêt à un soutien sans limite, jusqu'au boutiste à l'Ukraine", a-t-il assuré. Mais "la France doit mettre des lignes rouges", a-t-il estimé. Selon lui, la position du président "fait le jeu de Poutine et montre la division du clan occidental".

Sur le vote au sujet de l'accord bilatéral de sécurité organisé mardi à l'Assemblée nationale, Jordan Barella a indiqué qu'il en discuterait "avec Marine Le Pen dans les prochaines heures". Il s'est dit "en faveur sur le principe mais il faut placer des lignes rouges", a-t-il insisté.

Il a par ailleurs estimé qu'Emmanuel Macron et Gabriel Attal "perdent leur sang-froid" lorsqu'ils comparent "le RN à une occupation étrangère", c'est "irresponsable" et "la campagne européenne n'autorise pas tout"

"Je m'interroge très sincèrement sur l'utilité de cette réunion", lâche Eric Ciotti

"Je m'interroge très sincèrement sur l'utilité de cette réunion", a de son côté lâché le président des Républicains, Eric Ciotti. "Il n'est pas sorti quelque chose de très concret, de très nouveau. Le président n'a pas clarifié d'ambiguïté" a ajouté le député des Alpes-Maritimes. "On peut surtout se demander la pertinence des déclarations du président qui n'ont pas contribué à faire avancer d'un iota les relations diplomatiques."

"J'ai redit le soutien total des Républicains à l'Ukraine, à une aide financière et à des équipements militaires. Nous le dirons mardi à l'Assemblée, mais en revanche, j'ai redit notre totale opposition à un engagement de troupes au sol. C'est une position inopportune, irresponsable", a taclé Eric Ciotti.

La gauche regrette que le président "reste sur ses positions"

"C'était une réunion utile et nécessaire", a pour sa part jugé la secrétaire nationale des écologistes Marine Tondelier, en estimant toutefois ne pas avoir "l'impression que ça fasse bouger d'un pouce" le président. Elle a souligné "l'unanimité" des oppositions au Président sur la question de l'envoi de troupes en Ukraine.

Même son de cloche du côté du premier secrétaire du parti socialiste, "c'était utile que nous puissions nous retrouver" mais "le chef de l'État est resté sur ses positions et n'a pas voulu changer. Il nous a dit qu'il n'excluait rien face à la Russie".

Du côté des Insoumis, le coordinateur national Manuel Bompard a dit être "arrivé inquiet, et je suis ressorti encore plus inquiet" face à l'absence de changement dans la position d'Emmanuel Macron. "Le président, loin de revenir sur ses déclarations les a confirmées à plusieurs reprises, qu'il n'y avait aucune limite, qu'il fallait soutenir l'Ukraine quoi qu'il en coûte."

"Aujourd'hui, nous faisons le choix de participer à cette escalade guerrière, c'est extrêmement dangereux", a aussi dénoncé le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel. Il affirme que "toutes les forces politiques" sont d'accord sur l'objectif que "nous ne voulons pas que la Russie gagne, que tout doit être fait" mais "notre seul sujet de divergence, ce sont les moyens que nous y mettons". Il estime que "nous voyons peu d'efforts diplomatiques" de la part du président.

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