Droits de douane sur les céréales russes : "C'est davantage d'ordre politique que déstabilisant pour les marchés", selon le cabinet de conseil Agritel

Arthur Portier, consultant chez Agritel, cabinet de conseil spécialisé dans les marchés agricoles et agro-industriels, estime vendredi sur Franceinfo que la mesure envisagée par l'Union européenne ne risque pas de bouleverser le marché.
Article rédigé par franceinfo
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Image d'illustration. (MATTHIAS BEIN / DPA)

"Lorsqu'on regarde la part des importations européennes en provenance de Russie sur les matières premières agricoles, c'est une partie infime", a indiqué vendredi 22 mars sur franceinfo Arthur Portier, consultant chez Agritel, cabinet de conseil spécialisé dans les marchés agricoles et agro-industriels, L'Union européenne a proposé d'imposer des droits de douane "prohibitifs" sur les produits agricoles russes importés dans l'Union. Ces produits en sont actuellement exemptés au grand dam des agriculteurs européens. L'UE souhaite ainsi "assécher" des revenus permettant à Moscou de financer sa guerre en Ukraine. Selon Arthur Portier, ces droits de douane imposés, "c'est davantage d'ordre politique que déstabilisant pour les marchés".

Prenant l'exemple du blé tendre, le consultant d'Agritel souligne que l'UE a importé "depuis juillet dernier 6,4 millions de tonnes", la Russie comptant pour "290 000 tonnes, dans ces 6,4 millions de tonnes. Ça représente moins de 5%". Il rappelle que, "selon les règles de l'OMC et pour ne pas apporter de la tension sur le sujet alimentaire, la plupart des produits agricoles russes n'étaient pas soumis aux droits de douane".

"La Russie s'est tournée vers d'autres clients"

Arthur Portier précise qu'en 2023, l'UE a importé "aux alentours des 1,5 millions de tonnes, toutes céréales comprises. On était à un million de tonnes en 2022". Il y a une augmentation "qui se situe", selon lui, "sur la filière blé dur, c’est-à-dire la matière première utile pour fabriquer les pâtes. Et c'est principalement l'Italie qui est importateur de cette matière première". Il y a donc bien, selon le consultant, "un sujet" sur la filière blé dur et donc "sur la filière pâtes". Mais il assure que, "pour le reste, cela ne déstabilisera pas les marchés des matières premières agricoles européennes".

Avec ces droits de douane "prohibitifs", Bruxelles souhaite "assécher" les revenus de Moscou. Mais Arthur Portier explique que "la Russie s'est tournée vers d'autres clients, et n'est donc pas dépendante pour ses exportations du seul client qu'est l'Union européenne". Moscou a gagné "beaucoup de parts de marché, notamment sur des pays traditionnellement desservis par l'Europe de l'Ouest et notamment la France". Il évoque notamment des pays "du continent africain qui se sont tournés vers la Russie" ce qui a permis à Moscou de "renforcer naturellement son poids diplomatique grâce aux matières premières agricoles et notamment au blé". Arthur Portier doute donc que "d'un point de vue financier, cela change beaucoup la face des choses. Pour la Russie, c'est davantage d'ordre politique".

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