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Cinq questions sur le conflit à la frontière entre la Russie et l'Ukraine qui fait craindre une invasion russe

"Nous sommes profondément préoccupés par les plans de la Russie en vue d'une nouvelle agression contre l'Ukraine", a lancé le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, jeudi.

Article rédigé par franceinfo
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Des soldats ukrainiens à la frontière avec la Russie, le 28 novembre 2021. (ANATOLII STEPANOV / ANADOLU AGENCY / AFP)

Tension extrême à la frontière entre la Russie et l'Ukraine. Le conflit entre les séparatistes russes et l'armée ukrainienne s'est envenimé depuis quelques semaines. Et pour cause : Kiev affirme que Moscou a massé des dizaines de milliers de militaires en vue d'une possible invasion du pays. Des accusations rejetées par la Russie. Dans ce contexte explosif, les chefs de la diplomatie américaine et russe se sont retrouvés, jeudi 2 décembre, en Suède. Mais cette rencontre n'aura pas suffi à apaiser la situation, la Russie espérant un "contact" entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue américain Joe Biden "dans les prochains jours".

Franceinfo répond à cinq questions sur ce conflit qui dure depuis l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014 et dont la reprise attise les tensions entre les pays occidentaux et Moscou.

1Quelle est la situation actuelle à la frontière entre la Russie et l'Ukraine ?

Le conflit entre les séparatistes russes et l'armée ukrainienne connaît un regain de tensions depuis plusieurs semaines. Et pour preuve, un soldat ukrainien a une nouvelle fois été tué sur la ligne de front dans des échauffourées avec les séparatistes prorusses dans l'est du pays, a annoncé l'armée, jeudi 1er décembre. L'armée ukrainienne a accusé les séparatistes d'avoir tiré sur ses positions au lance-grenade et à la mitrailleuse de gros calibre.

Au total, six militaires ukrainiens ont été tués durant le mois de novembre et 61 depuis le début de l'année dans l'est du pays, selon le service de presse de l'armée. Un chiffre en augmentation par rapport à 2020. Les séparatistes ont, eux, fait état de la perte de quelques 40 combattants depuis le début de l'année.

Depuis fin octobre, des vidéos ont également commencé à circuler sur les réseaux sociaux, affirmant montrer des mouvements de troupes, chars et autres armes lourdes russes en direction de la frontière ukrainienne. Des responsables ukrainiens assurent ainsi que la Russie y a déployé environ 115 000 militaires. Moscou dément pour sa part toute velléité belliqueuse et accuse en retour l'Ukraine de constituer une "menace" pour elle.

2Quelles sont les origines de ce conflit ?

Pour comprendre la situation à la frontière entre la Russie et l'Ukraine, il faut remonter quelques années en arrière. Depuis 2014, l'est de l'Ukraine est en proie à une guerre entre Kiev et des séparatistes prorusses, qui a éclaté peu après l'annexion de la Crimée par Moscou.

Si les affrontements y ont grandement diminué depuis des accords de paix en 2015, des violences éclatent encore régulièrement. La Russie est notamment accusée de soutenir financièrement et militairement les séparatistes, ce qu'elle dément. Au total, ce conflit a déjà fait plus de 13 000 morts en sept ans.

3Pourquoi y a-t-il un regain de tension maintenant ?

La Russie utilise le conflit à la frontière ukrainienne pour peser sur la scène internationale. Cette fois, il s'agit pour Moscou d'empêcher toute extension de l'Otan vers l'Est, avec un possible ralliement de l'Ukraine dans cette organisation de défense occidentale.

Cette stratégie n'est pas nouvelle. Elle avait déjà été mise en place en avril 2021, lorsqu'environ 100 000 militaires avaient été déployés à la frontière. Moscou avait finalement assuré les avoir retirés peu après l'annonce du premier sommet entre Vladimir Poutine et Joe Biden. A l'époque, certains analystes y voyaient une manœuvre du Kremlin pour apparaître en position de force à l'approche de cette rencontre. Cette même tactique pourrait donc être utilisée par la Russie ces dernières semaines, alors que Moscou et Washington discutent actuellement de l'organisation d'un nouveau sommet entre le président russe et son homologue américain.

D'autres événements pourraient aussi avoir provoqué la colère de Moscou. Certains spécialistes affirment à l'AFP que la Russie a mal vécu l'utilisation par l'Ukraine, fin octobre, de drones fabriqués en Turquie, un membre de l'Otan, et enverrait donc un avertissement.

4Une invasion russe est-elle possible ?

Coup de bluff ou menace réelle ? L'Ukraine a appelé, le 29 novembre, ses alliés à agir vite pour dissuader la Russie de toute invasion, estimant qu'une offensive de Moscou pourrait être déclenchée "en un clin d'œil". "Il vaut mieux agir maintenant, pas plus tard", pour "retenir la Russie", a déclaré le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, lors d'un point presse.

"Ce que nous voyons est très sérieux. La Russie a déployé une large force militaire près de la frontière ukrainienne. Cela inclut des chars, des systèmes d'artillerie, des systèmes de guerre électronique, des forces aériennes et navales", a-t-il énuméré.

De son côté, la Russie a toujours nié toute volonté d'invasion et qualifié les accusations ukrainiennes à son égard d'"hystérie". Vladimir Poutine a également souligné qu'au printemps, aucune invasion ne s'était produite malgré des inquiétudes similaires. Alexandre Baounov, analyste au centre moscovite de la Fondation Carnegie, a, de son côté, déclaré à l'AFP qu'il pourrait "difficilement imaginer une invasion sans raison".

5Quelle est la réaction des Etats-Unis ?

Face à cette montée des tensions et malgré les dénégations russes, la réponse américaine n'a pas tardé. "Nous sommes profondément préoccupés par les plans de la Russie en vue d'une nouvelle agression contre l'Ukraine", a lancé le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, aux côtés de son homologue russe, Sergueï Lavrov, jeudi, en Suède. "Si la Russie décide de continuer sur la voie de la confrontation, elle subira de graves conséquences", a-t-il prévenu, après avoir déjà menacé de sanctions douloureuses quelques jours plus tôt.

Antony Blinken a tout de même tendu la main à son homologue, en se disant prêt à "faciliter" la mise en œuvre des accords de Minsk, conclus après l'annexion russe de la Crimée en 2014 pour régler le conflit dans l'est de l'Ukraine, mais qui n'ont jamais vraiment été appliqués. Après avoir énuméré les clauses que Moscou n'a, à ses yeux, pas respectées, l'Américain a ajouté : "La meilleure manière de prévenir une crise, c'est la diplomatie."

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