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Les drones tueurs de la Turquie : une arme décisive, mais aussi un business

Dans son offensive contre la Syrie, la Turquie utilise des drones armés qu'elle fabrique et commence même à exporter.

Article rédigé par franceinfo - Nathalie Hernandez, édité par Marina Cabiten
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1 min
Le président turc Recep Tayyip Erdogan signe un drone Bayraktar, en septembre 2019. (MUHAMMED ENES YILDIRIM / ANADOLU AGENCY)

Pour s’affranchir des Américains, pourtant ses alliés au sein de l’Otan, la Turquie s’est lancée depuis une dizaine d’années dans la fabrication de drones armés. Ankara les utilise massivement en ce moment en Syrie en représailles des frappes aériennes du régime de Bachar al-Assad qui ont tué 34 soldats turcs le 27 février dernier. L’armée du président Recep Tayyip Erdogan possède une centaine de Bayraktar TB2, des drones capables de  voler à  plus de 7 000 mètres d’altitude pendant 24 heures, avec une charge de plus de 50 kilos. Ils n’effectuent pas moins de 6 000 heures de vol par mois.

Une affaire de famille, puisqu’ils sont fabriqués par le gendre du dirigeant turc, Selçuk Bayraktar. À la tête de la compagnie Baykar, il est désormais le fournisseur privilégié de l’État turc, expliquent nos confrères du site d’informations américain The Intercept

Eliminer le PKK  

Ces drones armés ont d’ailleurs permis à Ankara depuis quatre ans d’éliminer des membres du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan, considérés comme des terroristes. Principales cibles des Turcs dans le sud-est du pays, en Irak et en Syrie, les combattants du PKK sont régulièrement frappés par les drones d’Ankara, relate The Intercept. "Selon des sources officielles, entre janvier et avril 2018, les TB2 équipés de bombes téléguidées de fabrication turque ont causé la mort de 449 personnes dans le nord-ouest de la Syrie. En Turquie, dans le Sud-Est, à majorité kurde, au moins 400 personnes auraient été tuées dans des attaques de drones depuis 2016." 

Faire plier Damas et Moscou

Aujourd’hui, ils servent à bombarder la province d’Idleb dans le nord-ouest de la Syrie et les TB2 ont déjà infligé de sérieuses pertes humaines et matérielles depuis une semaine. Trois avions syriens abattus, une centaine de chars détruits, les TB2 pilotés à distance permettent à la Turquie de frapper en contournant l’espace aérien syrien, sans craindre de perdre des soldats. Même si Ankara subit des pertes, son drone armé peut se fabriquer en un mois pour un coût de 5 millions de dollars pièce.  

Même si le TB2 connaît des limites technologiques (il ne parcourt que 150 kilomètres), pour le président turc ce marché des drones armés doit se développer. Ankara, qui a déjà vendu une quarantaine de TB2 au Qatar, à l’Ukraine et au gouvernement lybien d’union nationale, entend désormais se placer parmi les dix premiers exportateurs d’armes au monde d’ici 2023, l’année du centenaire de la République turque.

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