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Législatives en Grèce : Tsipras peut-il gagner son pari ?

Les Grecs votent ce dimanche pour élire leurs députés, huit mois seulement après les dernières législatives. Quels sont les enjeux de ce scrutin dont l'issue est plus qu'incertaine ? Notre décryptage.
Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (Alexis Tsipras a besoin d'une nouvelle majorité pour gouverner © MaxPPP)

Le Premier ministre Alexis Tsipras est en quête d’une nouvelle majorité politique. Lâché par l’aile gauche de son parti qui a refusé le troisième plan d’aide, il a démissionné le 20 août dernier. Le leader de Syriza a donc tenté un coup de poker politique pour renforcer sa légitimité. Fin août, il assurait qu’il aurait la majorité absolue.

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Mais son pari est risqué. Le scrutin est très incertain, puisque peu importe le résultat, la politique à mener pour les quatre prochaines années est déjà scellée : c’est le troisième plan d’aide de 86 milliards d’euros signé le 13 juillet dernier, avec des mesures d’austérité très dures comme la réforme des retraites, la fin des niches fiscales pour les agriculteurs ou encore les privatisations.

  (France Info est à Athènes pour vous faire vivre les législatives © RF | Jean-Marie Porcher)

Vers une forte abstention

Les Grecs n’ont plus vraiment confiance et comme l’explique Georges Prévélakis, professeur à la Sorbonne et spécialiste de la Grèce, les électeurs ont épuisé les forces politiques du pays : "Le parti socialiste, Pasok, a été obligé de négocier un plan d’aide au début de la crise, et les Grecs ont eu du mal à l’avaler. Le Pasok a été puni pour ça. Ensuite, les conservateurs de Nouvelle Démocratie ont fait pareil et ils en ont subi les conséquences. Il restait Syriza qui était anti-mémorandum mais ils ont subi le même sort que les deux autres."

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Les derniers sondages prévoient d'ailleurs une forte abstention, supérieure à 30%. Il y aurait par ailleurs 10% d'indécis. Ces électeurs-là se disent "trahis" par Alexis Tsipras car ils avaient dit non à 62% lors du referendum sur les mesures d’austérité en juillet. 15% des cadres de Syriza ont quitté le parti pour créer le leur : L’Unité Populaire. Ils ont amené avec eux 1.500 des 30.000 membres de Syriza. Panayotis Sotiris est membre du conseil politique de l’Unité populaire. Il dit être le seul à "rester fidèle à l’espoir du peuple" anti-austérité. L’Unité Populaire est créditée de 3% à 4% dans les sondages, ce qui lui permettrait d’entrer au Parlement car il faut un minimum de 3%.

Alexis Tsipras a de la concurrence à gauche mais aussi à droite 

C’est la vraie surprise de ce scrutin : la remontée des conservateurs de Nouvelle Démocratie, qui avaient le pouvoir jusqu’en janvier. Il y a deux mois, Nouvelle Démocratie était créditée de 15%, et dans les derniers sondages 26%, à deux points de Syriza. Ce qui explique en partie ce résultat, c’est la personnalité du nouveau leader : Vaguiélis Meïmarakis. Il a un côté rassurant car il est l’un des plus anciens cadre de Nouvelle Démocratie. A 61 ans, il plaît beaucoup car il veut former un gouvernement de large coalition avec tous les partis pro-européens, dont Syriza. Une option rejetée par Tsipras.

  (Vangelis Meïmarakis, chef de file du parti de la droite grecque © RF | Jean-Marie Porcher)

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Le parti d'extrême-droite Aube Dorée en embuscade

Aube Dorée est la troisième force politique du pays. Les sondages parle de 6% à 7% d’intentions de vote, comme en janvier. Le parti est embourbé dans des affaires judiciaires et n’a pas pu participer au débat télévisé. La formation néo-nazi veut "fermer les frontières" , alors que 230.000 migrants et réfugiés sont arrivés en Grèce depuis janvier. Le thème des migrants a par ailleurs été très peu abordé par les autres partis qui se sont focalisés sur la crise économique.

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