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Brexit : en Irlande du Nord, le port de Larne cristallise les tensions autour des contrôles des marchandises

Le port de Larne doit effectuer depuis le Brexit les contrôles des marchandises qui circulent entre la Grande-Bretagne et l'Irlande du Nord. Ce sujet génère des frictions et des inquiétudes alors qu'une réunion du comité commun Royaume-Uni UE se tient ce lundi.

Article rédigé par Richard Place
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le port de Larne, en Irlande, en février 2022. (RICHARD PLACE / RADIO FRANCE)

Sur le mur terne, près du port de Larne (Irlande du Nord, Royaume-Uni), on voit bien des gros traits de peinture plus claire. Ils recouvrent des lettres blanches : "Tous les employés des postes frontières sont des cibles." Apparue en janvier 2021, cette menace a provoqué la suspension des contrôles portuaires censés s'effectuer pour toute marchandise arrivant en Irlande du Nord en provenance de Grande-Bretagne, au sein même du Royaume-Uni. Les agents concernés ont été mis en sécurité et leur travail stoppé net. Car le protocole nord-irlandais est toujours en discussion et source de tensions depuis le Brexit. Une réunion importante doit se tenir lundi 22 février 2022 entre le Royaume-Uni et l'Union européenne.

L'Irlande du Nord a en effet besoin d'un statut particulier puisqu'elle a une frontière physique avec sa cousine, la République d'Irlande, qui se trouve toujours dans l'Union européenne. Avec le Brexit, une frontière virtuelle est apparue dans la mer entre le Royaume-Uni et l'Irlande du Nord : cela nécessite donc des contrôles à l'arrivée en Irlande du Nord, comme si les marchandises venaient de l'étranger. Or, l’application du protocole a été suspendue dès son entrée en vigueur il y a un peu plus d’un an, avant de reprendre par la suite. Les autorités craignaient justement des violences sur le port de Larne, au nord de Belfast. Les unionistes, ceux qui se sentent britanniques, ne tolèrent pas ces contrôles imposés par le Brexit.

"Nous ne pouvons pas avoir une frontière entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord puisque nous faisons partie du Royaume Uni ! Pour être honnête, cela m’énerve."

Un unioniste

à franceinfo

Cet énervement pourrait-il conduire à des violences ? "Il y a eu quelques manifestations à l’époque, toutes petites, peut-être une centaine de personnes", juge James Mc Keown, qui n'y croit pas. Cet élu du Sinn Fein, opposé aux unionistes, dément cette version alarmiste, comme beaucoup ici désormais. "Certains partis politiques ont monté cette tension en épingle mais il n’y a jamais eu de réelle inquiétude concernant des violences à ce sujet", assure-t-il. Cela reposait sur une rumeur, depuis démentie, d’individus qui relevaient les plaques d’immatriculation des agents des douanes et quelques graffitis menaçants.

James Mc Keown, élu du Sinn Feinn, en février 2022. (RICHARD PLACE / RADIO FRANCE)

Le sujet reste sensible, à tel point que les autorités portuaires refusent de dire si les contrôles s'effectuent désormais normalement. "Je ne veux pas trop m’étendre sur le sujet mais le fonctionnement est loin d’être normal", estime de son côté Glyn Roberts, qui dirige la plus grande association de commerçants du pays, qui compte 1 800 membres dont une bonne partie importe et exporte depuis le port de Larne. "Les contrôles continuent et l’administration du port fait son travail. Ils ont été dans l’œil du cyclone. Si on trouve un accord, tous ces problèmes seront bien réglés." En attendant, il y a encore quelques petites pancartes blanches accrochées aux poteaux sur le port de Larne. On peut y lire : "Union européenne, laisse les mains libres à l’Irlande du Nord."

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