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Un ministre nord-irlandais ordonne d'arrêter des contrôles post-Brexit avec la Grande-Bretagne

Cette consigne contrevient aux accords post-Brexit. L'Irlande du Nord est en effet restée dans le marché unique et l'union douanière européens, afin de ne pas recréer de frontière physique avec l'Irlande.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le leader DUP Edwin Poots lors d'une allocution à la presse, le 3 juin 2021 à Dublin (Irlande). (ARTUR WIDAK / NURPHOTO / AFP)

Le ministre nord-irlandais de l'Agriculture a ordonné à ses services de cesser à minuit les contrôles post-Brexit sur l'agroalimentaire, mercredi 2 février. La légalité de cette consigne pose évidemment question, alors que les accords du Brexit avaient entraîné l'introduction de ces contrôles sur les marchandises arrivant en Irlande du Nord en provenance de Grande-Bretagne, au sein même du Royaume-Uni.

Conçu pour empêcher le rétablissement d'une frontière physique avec l'Irlande voisine qui risquerait de fragiliser la paix conclue en 1998, le protocole nord-irlandais maintient la province britannique dans le marché unique et l'union douanière européens. Mais les unionistes nord-irlandais, dont fait partie le ministre de l'Agriculture Edwin Poots, du parti ultra-conservateur DUP, estiment que ces contrôles constituent une frontière en mer d'Irlande, et qu'ils menacent la place de la province britannique au sein du Royaume-Uni.

Edwin Poots (DUP) a donc ordonné au responsable de son administration de cesser les contrôles agroalimentaires dans les ports de la province britannique. On ignore si cette consigne sera ou non suivie, certains au sein même du DUP faisant valoir que l'administration est soumise à l'obligation légale de les mener. Edwin Poots a de son côté assuré avoir pris des "conseils juridiques" à cet égard et soutient que les contrôles nécessitent une approbation de l'exécutif local qui fait défaut.

Des négociations toujours en cours avec l'UE

La vice-Première ministre nord-irlandaise Michelle O'Neill, du parti républicain de gauche Sinn Fein, a quant à elle dénoncé sur Twitter une manoeuvre de la part du DUP d'"interférer illégalement avec le droit national et international". Cette annonce survient à trois mois d'élections cruciales en mai, où le Sinn Fein, favorable à un référendum dans les cinq ans sur la réunification de l'île, est donné en tête dans les sondages. Le ministre irlandais des Affaires étrangères Simon Coveney a dénoncé une "violation du droit international". "C'est faire de la politique avec des obligations légales", a-t-il déclaré devant les sénateurs à Dublin.

Le controversé protocole nord-irlandais fait actuellement l'objet d'intenses négociations. La ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, doit s'entretenir jeudi lors d'un appel avec le vice-président de la Commission européenne Maros Sefcovic. Mise sous pression par les unionistes qui ont exigé des avancées d'ici au 21 février, date de la prochaine réunion du comité commun Royaume-Uni UE sur la mise en oeuvre de l'accord de Brexit, la cheffe de la diplomatie britannique a affiché la semaine dernière lors d'un déplacement en Irlande du Nord à faire rapidement des "progrès significatifs".

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