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Pesticides : au Salon de l'agriculture, la FNSEA propose son pacte de solutions

Le principal syndicat agricole a présenté, lundi, au Salon de l'agriculture, un "contrat de solutions" avec 35 partenaires. Il sera signé avant la fin du semestre.

Article rédigé par Guillaume Gaven
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Insecticide et désherbant sur du colza. (MAXPPP)

Les agriculteurs ne veulent plus être traités de pollueurs. Face à la polémique autour de l’utilisation des pesticides dans les fruits et légumes, ou encore du glyphosate, la FNSEA, le principal syndicat agricole français, a présenté, lundi 26 février, au Salon de l'agriculture, son "contrat de solutions" pour réduire l'utilisation de produits phytosanitaires et supprimer le glyphosate. 

Ce "pacte" a été conçu par 35 organisations agricoles, des associations de producteurs et des partenaires techniques, comme l'Institut de recherche agronomique (Inra) ou l'Union française des semenciers. Il sera signé avant la fin du semestre.

Salon de l'agriculture : un engagement pour utiliser moins de produits phytosanitaires dans l'agriculture française - reportage de Guillaume Gaven

"Nous avons souhaité dire que les agriculteurs ont entendu les sollicitations et vont répondre aux attentes sociétales", a déclaré lundi la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, lors d'une conférence de presse. Mais, selon elle, les agriculteurs ne pourront pas se débarrasser totalement de la chimie : "Zéro produit phytosanitaire, en agriculture, ce n'est pas possible, tout comme zéro médicament n'est pas possible", affirme Christiane Lambert. 

Le plan Ecophyto II, signé fin 2015, prévoit déjà une diminution de l'utilisation des produits phytosanitaires de 25% en 2020 et de 50% d'ici 2025. Or, pour arriver à cet objectif "extrêmement engageant", selon la présidente de la FNSEA, il faudra "déployer toutes les solutions à très grande échelle, avec des partenaires de la recherche, de la construction, du machinisme, du conseil, de la formation". 

Nous ne voulons pas échouer, donc nous allons déployer tout ce qui est à notre disposition aujourd'hui.

Christiane Lambert, présidente de la FNSEA

à franceinfo

2025, l'échéance arrivera vite, mais les expérimentations sont déjà nombreuses. Plus de "250 pistes de solutions d'avenir" sont en train d'être explorées, précise encore Christiane Lambert.

La sélection naturelle

L'une de ces pistes est, tout simplement, la sélection naturelle de variétés qui résistent mieux aux maladies. C'est le cas du blé. "On dispose de variétés résistantes aux maladies fongiques, notamment aux champignons, confirme Elise Bourmeau, la directrice générale de l’Union française des semenciers. Elles permettent de présenter sur le marché environ 25% de variétés résistantes aux maladies." 

Elise Bourmeau est très optimiste pour l'avenir : "On estime qu'en 2030, ce taux pourrait passer grâce à 85%, grâce à un travail important des sélectionneurs pour éviter le contournement de ces résistance par les champignons."

Des légumineuses semées avec le colza

Une autre piste de travail, un peu plus complexe, serait de sacrifier une plante pour permettre à une autre de pousser sans trop de traitements chimiques. Le réseau Acta, rassemblant les instituts techniques agricoles, l'expérimente actuellement sur le colza. "On peut semer une autre culture en même temps que le colza : des légumineuses", explique son président, Sébastien Windsor.

Grâce à ces légumineuses, comme les lentilles, la féverole ou le fenugrec, "à la levée [stade où apparaissent les premières parties aériennes chez une plante en germination], les insectes vont plutôt s'occuper de ces autres cultures et le colza, lui, va se développer", poursuit Sébastien Windsor. 

On n'a pas besoin d'insecticides pour protéger le colza.

Sébastien Windsor, président d'Acta (instituts techniques agricoles)

à franceinfo

Les agriculteurs demandent l'aide de l'État

Et quand il faut absolument un traitement, insecticide ou pesticide, les machines actuelles permettent des dosages beaucoup plus fins. Équipés du bon matériel, les agriculteurs peuvent disposer d’une cartographie très précise de leurs parcelles. Or, ces machines coûtent cher, donc ils n'en changent pas souvent. C’est ce qui pêche. 
 
Du coup, le monde agricole se tourne déjà vers l’État. Emmanuel Macron avait promis, plusieurs fois durant la campagne présidentielle, et il l'a répété jeudi 22 février devant des jeunes agriculteurs reçu à l'Élysée, un plan d’investissements de 5 milliards d’euros. Selon les agriculteurs, ce plan pourrait profiter à la modernisation du secteur. 

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