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Glyphosate : "À chaque fois que je sortais mon pulvérisateur, cela se terminait par des maux de tête"

Alors que la Commission européenne a reporté mercredi sa décision sur le renouvellement de la licence d’exploitation du glyphosate, l’herbicide le plus vendu au monde, franceinfo a rencontré deux agriculteurs près de Dourdan (Essonne), divisés sur la question.

Article rédigé par Benjamin Mathieu, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un agriculteur pulvérises son champ de pesticide (illustration). (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

"Pollueur !" "C’est toi qui a commencé !" Dans la campagne de Dourdan, dans l’Essonne, les rires fusent : même si tout semble opposer ces deux agriculteurs, Franck Chevallier, 55 ans, et Ludovic Joiris, 45 ans, aiment se charrier.

Franck s’est mis à l’agriculture biologique il y a vingt ans et a déclaré la guerre aux pesticides. Sa position, autrefois marginale, résonne autrement aujourd’hui : la Commission européenne devait en effet annoncer mercredi 25 octobre si elle renouvelle pour dix, sept ou cinq ans la licence d’exploitation pour l’UE de l’herbicide le plus vendu au monde, le glyphosate, classé comme "cancérigène probable" par le Centre international de recherche sur le cancer. Mais elle a finalement reporté sa décision.

Maux de tête, de ventre

"À chaque fois que je sortais mon pulvérisateur, cela se terminait par des maux de tête, des maux de ventre, etc.", se souvient Franck. Parmi les produits qu’il utilise alors, des produits phytosanitaires  : herbicides, insecticide, fongicide, molluscicides. Pour lui, l’agriculture française marche sur la tête : "Un ami ingénieur agricole m’a un jour demandé comment faire sans glyphosate, raconte l’agriculteur. Je lui ai répondu : mais comment faisait-on avant ? Quand j’ai commencé, on n’utilisait pas de glyphosate ! On utilisait des moyens mécaniques et nous n’avions pas plus de chardon, de chiendent ou de rumex qu’actuellement avec le glyphosate…"

Ludovic Joiris, lui, utilise du glyphosate. Son exploitation, située à une dizaine de kilomètres de celle de son confrère, est en agriculture de conservation, plus respectueuse de l'environnement que l’agriculture "conventionnelle". Ludovic consomme 30 à 40% des produits chimiques utilisés par les agriculteurs dits "conventionnel". "Nous nous servons des produits phytosanitaires de manière 'pompier', c’est-à-dire en curatif : on ne l’utilise que lorsqu’il y a un problème", explique-t-il.

Faute de recherche, peu de solutions

Sans pesticide, il ne pourra plus travailler : si l’Union européenne ne renouvelle le glyphosate que pour trois ans, le problème pourrait se poser. "Il faut qu’une solution soit trouvée avant. Malheureusement, notre type d’agriculture n’est pratiqué que par 1,5 à 2% des agriculteurs, au maximum. Il n’y a donc aucune recherche faite là-dessus par nos organisations professionnelles. Si des recherches étaient réalisées, cela irait beaucoup plus vite et nous trouverions des solutions…" Les agriculteurs bio représentent 7,3% des exploitations françaises, celles en conservation des sols, elles, moins de 2%. Le modèle archi-dominant est toujours pour le moment très gourmand en produits phytosanitaires de toutes sortes.  

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