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"Nous devons devenir plus agressifs" : un jeune Hongkongais raconte comment il s'est radicalisé lors des manifestations

À 18 ans, Tony Chung est un militant très actif des manifestations pro-démocratie qui secouent Hong Kong. En deux mois, la position de ce jeune homme s'est durcie.

Article rédigé par franceinfo - Angélique Forget
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un participant d'une manifestation pro-démocratie à Hong Kong le 5 août 2019 (image d'illustration). (ISAAC LAWRENCE / AFP)

Il était pacifique il y a deux mois. Aujourd'hui, Tony Chung se dit prêt à en découdre avec les autorités. Ce Hongkongais de 18 ans s'apprête à manifester pour le dixième week-end consécutif. Avec ses grosses lunettes rondes et son air d’enfant sage, on l'imagine mal en première ligne face à la police hongkongaise. Pourtant, tous les week-ends depuis deux mois, Tony descend dans la rue pour exprimer son opposition au gouvernement de Hong Kong, pro-Pékin, et réclamer plus de démocratie dans cette ancienne colonie britannique.

"Avant ce mouvement social, je ne faisais pas grand-chose le week-end, raconte ce jeune, je jouais aux jeux vidéo, je regardais des films et je dormais". Désormais, Tony raconte qu'il passe ses week-ends dans la rue, "en première ligne", avec un t-shirt et un pantalon noirs comme les autres manifestants, et un casque et un masque pour se protéger des gaz lacrymogènes. "J’y reste parfois 10 heures d’affilée, sans manger", explique-t-il.

400 manifestants interpellés

Pour Tony, la violence est un mal nécessaire. "Quand les manifestations ont commencé, nous étions très pacifiques, calmes et non violents, se souvient-il, le gouvernement ne nous a pas écoutés, même lorsque nous avons été deux millions dans la rue". Il poursuit : "nous devons devenir plus agressifs pour obliger les autorités à nous entendre".

Depuis le début des manifestations, plus de 400 personnes ont été arrêtées par la police. Ces interpellations n'entament pas les convictions du jeune hongkongais, "je sais qu’un jour, je pourrais être arrêté ou même blessé par des tirs de police". Tony Chung raconte que les forces de l'ordre tirent des balles en plastique, "si elles vous arrivent sur le crâne, vous pouvez en mourir". Il se demande souvent pourquoi il va en première ligne, mais il explique qu'il veut "donner [son] maximum"

Le mouvement se durcit

Aujourd'hui, même la possibilité d'une intervention de l'armée chinoise ne lui fait pas peur. "Je suis sûr qu'ils n'enverraient pas les chars comme à Tian'anmen, se convainc-t-il, je pense qu’ils enverraient surtout des hommes qui rejoindraient les forces de police et qui se montreraient plus brutaux." À Hong Kong, tous les manifestants savent qu'une inculpation pour émeutes est passible de dix ans de prison. 

Le reportage franceinfo d'Angélique Forget

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