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Le rétablissement des sanctions américaines contre le magnat des mines Dan Gertler rassure les ONG anti-corruption en RDC

Washington a révoqué la licence spéciale qui lui a été accordée à la fin du mandat de Donald Trump.

Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un enfant congolais devant un camion transportant des roches extraites d'une mine de cobalt à Lubumbashi, au sud de la RDC, en mai 2016.  (JUNIOR KANNAH / AFP)

C’est un grand soulagement pour les ONG qui luttent contre la corruption en République démocratique du Congo (RDC). L’administration Biden a rétabli les sanctions américaines contre l’homme d’affaires israélien Dan Gertler qui avait bénéficié d’une faveur juste avant la fin du mandat de Donald Trump.

Retour à la case sanctions

Le répit aura été de courte durée pour Dan Gertler. La "licence" qui lui a été accordée le 15 janvier 2021, juste avant le départ de l’administration Trump, n’est plus valable. Conformément à la première décision adoptée en décembre 2017, le magnat israélien du secteur minier en RDC est sous sanctions pour "accords miniers et pétroliers opaques et entachés de corruption". Washington l'accusait d'avoir faire perdre à la République démocratique du Congo "1,36 milliard de dollars de recettes" fiscales sous la présidence de Joseph Kabila, dont il était  proche.

"La licence accordée à M. Gertler est incompatible avec les intérêts de politique étrangère solides des Etats-Unis visant à lutter contre la corruption dans le monde entier"

Ned Price, porte-parole du département d'Etat

dans un communiqué du 8 mars 2021

Un soutien américain clair

La révocation annoncée par le porte-parole du département d’Etat américain a été relayée sur le site de l’ambassade. Cette mesure a été probablement initiée par le représentant des Etats-Unis à Kinshasa. En poste dans le pays depuis 2018, le très actif Mike Hammer s’est toujours prononcé en faveur du renforcement d’un partenariat "avec le peuple congolais". Dès sa première déclaration en français avec des mots en lingala (une langue locale), l’ambassadeur américain a souligné l’importance de la croissance économique et la bonne gouvernance en RDC. Avec l’affaire Gertler, il a rappelé que la corruption est la principale préoccupation des Congolais et réitéré le soutien de Washington.

"L’administration Biden est résolue à soutenir la lutte du président Tshisekedi contre la corruption ainsi que ses efforts pour faire en sorte que les responsables rendent des comptes"

Mike Hammer, ambassadeur des Etats-Unis en RDC

dans un communiqué

L'espoir de la société civile

Cette position américaine concernant la corruption renforce les organisations et la société civile qui œuvrent avec difficultés contre ce fléau qui sape une République démocratique du Congo, dotée d’énormes richesses naturelles.

Le collectif Le Congo n'est pas à vendre (CNPAV) et plusieurs autres ONG se disent soulagés, mais rappellent néanmoins qu’il reste beaucoup à faire concernant l’attribution des contrats miniers en RDC. Global Witness demande au gouvernement congolais d'agir face au rôle présumé joué par Dan Gertler dans le détournement des recettes publiques.

"Le gouvernement de la RDC doit de toute urgence enquêter sur les accords miniers de Dan Gertler avec les entreprises publiques congolaises afin de s'assurer que le peuple congolais bénéficie des richesses du pays"

Global Witness

dans un communiqué

Un système fragile 

Dans un rapport publié en juillet 2020, l’organisation avait expliqué comment les failles du système congolais auraient permis à l’homme d’affaires controversé de se soustraire aux sanctions américaines. Ces révélations ont été possibles grâce aux lanceurs d’alerte congolais Gradi Koko Lobanga et Navy Malela. Les deux activistes, qui vivent en exil, ont été récemment condamnés à mort par contumace en République démocratique du Congo, après avoir été accusés par une banque où ils travaillaient de vols de documents. 

Dan Gertler a de son côté toujours nié toutes les allégations à son encontre, notamment la corruption, le détournement de recettes publiques et le contournement des sanctions américaines. Le sulfureux homme d'affaires avait récemment appelé les Congolais à "partager" et à "profiter" de la richesse des mines de cuivre et de cobalt.

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