: Vidéo "Ces élections, ce n'est pas ce dont l'Algérie a besoin", estimait Khaled Drareni, une des voix du Hirak, juste avant d'être arrêté
Les Algériens votent samedi 12 juin pour des élections législatives anticipées. Un scrutin rejeté par une partie de l’opposition et par le mouvement du Hirak. Plusieurs figures de la contestation ont été interpellées, jeudi. Khaled Drareni s'était confié à franceinfo juste avant son arrestation.
C'est l'un des symboles du Hirak et de la liberté de la presse et il confiait à franceinfo avoir déjà "payé cher" sa volonté de couvrir le mouvement de contestation en Algérie : Khaled Drareni, journaliste à Radio M, et correspondant de RSF, a été à nouveau arrêté, confirme Casbah Tribune, le site dont il est directeur, vendredi 11 juin. Il était injoignable depuis plusieurs heures jeudi, en fin de soirée, et son arrestation intervient en même temps que celles de figures de la contestation, l'opposant Karim Tabbou et le journaliste Ihsane El Kadi. Samedi se tiennent des législatives controversées et le régime du président Abdelmadjid Tebboune tente d'étouffer depuis des mois le mouvement contestataire du Hirak : plus de 220 personnes sont actuellement incarcérées.
"Le Hirak ne peut pas se terminer"
Jeudi, juste avant son arrestation, Khaled Drareni s'était confié à l'envoyé spécial de franceinfo à Alger. "Les gens du Hirak sont contre ces élections, assurait-il. Ils considèrent qu'elles ne représentent rien, qu'elle viennent au mauvais moment. Ces élections, ce n'est pas ce dont l'Algérie a besoin." Khaled Drareni en veut pour preuve le peu de candidats se revendiquant du mouvement contestaire qui a démarré le 22 février 2019. "Le régime est tellement obnubilé par la répression qu'il oublie que notre pays a besoin d'un nouveau modèle économique."
Même si les manifestations dans les rues chaque vendredi ont été gelées pendant la pandémie de Covid-19, les autorités algériennes ont donné un tour de vis et limitent par des mesures restrictives le droit de manifester sur la voie publique. Pour Khaled Drareni, pas question de se taire pour autant. Il veut continuer à exercer son métier de journaliste, quoi qu’il arrive. Et pour lui, le Hirak n'est pas prêt de s'arrêter. "Le Hirak ne peut pas se terminer, ce n'est pas qu'une manifestation, c'est un esprit qui a été porté par des millions d'Algériens depuis le février 2019. C'est un débat politique, des initiatives pour proposer des alternatives. Pour une véritable Algérie nouvelle, l'Algérie des Algériens, le départ de ce système et le respect des droits et libertés démocratiques."
Devenu le symbole du combat pour la liberté de la presse dans son pays, Khaled Drareni avait déjà été incarcéré en mars 2020 après avoir couvert les manifestations anti-régime et le mouvement de contestation du Hirak, qui ont abouti à la chute du président Abdelaziz Bouteflika. Khaled Drareni a passé un an derrière les barreaux avant d’être libéré le 25 février 2021. Avant cette nouvelle arrestation, il avait repris ses activités journalistiques et animait l’émission "Café presse politique" sur Radio M.
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