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Pourquoi le référendum constitutionnel ne passionne pas les Algériens

Le projet phare du président Tebboune semble tout aussi contesté que son élection.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Deux passants devant les panneaux d'affichage de la campagne en vue du référendum sur la révision de la Constitution, le 22 octobre 2020 à Alger. (RYAD KRAMDI / AFP)

Près de 25 millions d'électeurs Algériens sont appelés ce dimanche 1er novembre à se prononcer sur une révision constitutionnelle censée fonder une "Algérie nouvelle", et répondre aux aspirations du Hirak, le mouvement de contestation qui a fait tomber Abdelaziz Bouteflika. Mais le projet proposé par le président Abdelmadjid Tebboune est loin de susciter l’enthousiasme.

Que dit la nouvelle Constitution ?

Adopté par le Parlement en septembre dernier, le projet de révision prévoit d’amender une Constitution taillée sur mesure pour le président Bouteflika. La nouvelle loi met en avant "les droits fondamentaux et les libertés". Des dizaines d'articles sont consacrés à la liberté de la presse, la création de partis, la justice sociale, la liberté de commerce et d’investissement et le renforcement des droits des femmes. Mais paradoxalement, la Constitution de 2020 maintient l'essentiel d’un régime présidentiel et renforce les prérogatives de l’armée qui "défend les intérêts vitaux et stratégiques du pays".

C’est une véritable invitation à l’armée à rentrer en politique, mais aussi un pied de nez aux revendications du Hirak qui demande un état civil et non militaire

Massensen Cherbi, chercheur en droit constitutionnel

à l'AFP

 Pourquoi le référendum ne suscite-t-il pas l'enthousiasme ?

Les Algériens, qui ont fait tomber le président Bouteflika, veulent une rupture avec "le système" en place depuis 1962. Ils réclament depuis le début du mouvement de protestation l’élection d’une nouvelle assemblée chargée d’écrire une nouvelle Loi fondamentale. Or, le projet de révision proposé par le président Tebboune est perçu comme "un changement de façade". Ce référendum populaire s'inscrit dans un climat de répression avec la multiplication des arrestations et des poursuites judiciaires contre des figures de l’opposition et des journalistes.

Dans ce contexte, le Hirak (mouvement de contestation) prône le boycott du scrutin. Les islamistes appellent à voter "non" et seuls les membres du gouvernement et les partis de l'ancienne coalition au pouvoir, comme le Front de libération nationale (FLN) qui soutenait le président Bouteflika, adhèrent à ce projet.

Quel est l'enjeu de ce scrutin ?

Le projet d’amendement présenté comme le fondement d’une "Algérie nouvelle" est celui du président de la République qui cherche visiblement à légitimer son pouvoir par les urnes. Abdelmadjid Tebboune avait été élu en décembre 2019 lors d’un scrutin marqué par une abstention record. A peine plus de quatre électeurs sur dix s'étaient déplacés pour voter. Du jamais vu pour une présidentielle en Algérie. Le taux de participation pour ce référendum sera donc un marqueur important pour le pouvoir en place.

Le scrutin constitue aussi un test pour le Hirak, l'important mouvement de contestation pacifique affaibli ces derniers mois par la répression et la crise sanitaire. Son influence sera jugée en fonction du taux d’abstention, comme le souligne Louisa Aït-Hamadouche, professeure de sciences politiques à l’université d’Alger. Pour elle, "le référendum est sans enjeu en termes d'alternative politique et de changement de gouvernance".

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