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Algérie : un militant du Hirak condamné à 10 ans de prison pour "incitation à l'athéisme"

Yacine Mebarki, 52 ans, était poursuivi pour "incitation à l'athéisme" et "offense ou dénigrement du dogme ou des préceptes de l'islam".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des Algériens participent à un rassemblement hebdomadaire pour appeler à la libération du journaliste Khaled Drareni à Alger, le 5 octobre 2020. Le journaliste algérien de 40 ans, incarcéré depuis le 29 mars, a été condamné en appel à deux ans de prison. (RYAD KRAMDI / AFP)

Yacine Mebarki, militant du mouvement de protestation contre le pouvoir en Algérie, a été condamné à dix ans de prison pour "incitation à l'athéisme" et "offense à l'islam", la plus lourde peine jamais prononcée contre une personnalité du Hirak. Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH), a déclaré à l'AFP que Yacine Mebarki avait été condamné "à dix de prison ferme et à dix millions de dinars d'amende (66 000 euros)" par le tribunal de Khenchela (Est). Cette nouvelle condamnation s'inscrit dans une vague de répression ciblant quotidiennement des militants de la contestation, des opposants politiques, des journalistes et des blogueurs.

"Incitation à l'athéisme"

Il s'agit de la plus lourde peine prononcée contre un militant du Hirak depuis février 2019, début du soulèvement populaire pacifique pour réclamer un "changement du système" en Algérie. Le parquet avait requis huit ans de prison. Il est rare qu'un juge prononce une peine supérieure à celle réclamée par le parquet. Le prévenu, qui clame son innocence, a décidé de faire appel. Yacine Mebarki était poursuivi notamment pour "incitation à l'athéisme" et "offense ou dénigrement du dogme ou des préceptes de l'islam",  sans préciser ce qui était exactement reproché au militant. L'athéisme est sévèrement condamné dans le monde musulman.

Liberté de conscience

Très impliqué localement dans le Hirak et militant berbère, Yacine Mebarki, 52 ans, a été arrêté le 30 septembre après une perquisition à son domicile. Selon un ami du condamné, joint au téléphone par l'AFP et qui était présent au tribunal, les policiers auraient trouvé chez lui un exemplaire jauni du Coran appartenant à son grand-père, "dont une des feuilles était déchirée" du fait de l'ancienneté de l'ouvrage. Déchirer une page du livre saint est considéré comme une atteinte à l'islam.

Dans un communiqué, la LADDH "rappelle les garanties contenues dans le droit national, notamment la Constitution et les conventions internationales ratifiées par l'Algérie, en matière du respect des libertés de conscience et d'opinion".

La répression continue

Le même jour, jeudi 8 octobre, le parquet de Dar El Beïda, dans la banlieue d'Alger, a requis deux ans de prison ferme et une amende de 100 000 dinars (655 euros) à l'encontre de Fodil Boumala, opposant et figure du Hirak, à la reprise de son procès suspendu depuis mars dernier en raison de l'épidémie de Covid-19. Selon le Comité pour la libération des détenus (CNLD), Fodil Boumala est poursuivi pour "incitation à attroupement non armé, outrage à corps constitué et publications pouvant porter atteinte à l'intérêt national".

Tribunal de Dar Elbeida : Le parquet a requis 2 ans de prison ferme et 100 000 Da d'amende à l'encontre de Fodil...

Publiée par Comité National pour la Libération des Détenus - CNLD sur Jeudi 8 octobre 2020

Quelque 70 personnes sont actuellement emprisonnées en Algérie pour des faits liés à la contestation, la plupart pour des publications sur Facebook, d'après le CNLD. Soulèvement inédit, pacifique et sans véritable leadership, le Hirak est né en février 2019 d'un immense ras-le-bol des Algériens qui réclament un profond changement du "système" en place depuis 1962. En vain jusqu'à présent, même s'il a poussé en avril 2019 au départ du président Abdelaziz Bouteflika après 20 ans au pouvoir.

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