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L'Algérie s'apprête à voter pour ou contre la nouvelle constitution sur fond de répression politique

L'Algérie, où le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian vient d'effectuer une visite, se prépare à voter le 1er novembre alors que les militants du Hirak (le mouvement de contestation populaire) sont poursuivis et souvent lourdement condamnés, parfois sur des motifs religieux.

Article rédigé par franceinfo, Bertrand Gallicher
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un panneau appelant au vote pour le référendum sur la constitution du  1er novembre, à Alger le 14 octobre 2020. (BILLAL BENSALEM / NURPHOTO / AFP)

Les Algériens sont appelés aux urnes le 1er novembre prochain pour se prononcer sur le projet de nouvelle constitution voulue par le président Abdelmadjid Tebboune. Un scrutin organisé sur fond de répresion politique des militants du Hirak, le mouvement populaire qui a mis un terme à la présence d'Abdelaziz Bouteflika à la tête du pays.

Un opposant au régime condamné

Le 8 octobre dernier, l'un des opposants au régime, un militant laïque, a été condamné à dix ans de prison ferme et 66 000 euros d'amende pour "incitation à l'athéisme" et "insulte à l'islam". Cette condamnation pour un motif religieux est la plus lourde prononcée jusqu'à présent contre un militant du Hirak. Cet homme d'une cinquantaine d'années arrêté le 30 septembre à son domicile a fait appel.

La police algérienne aurait trouvé chez lui un coran qui appartenait au grand-père de ce militant. Un livre dont l'une des pages était déchirée en raison de la vétusté de l'exemplaire. Mais c'est la "preuve" qui a caractérisé "l'offense ou dénigrement du dogme ou des préceptes de l'islam" pour la justice algérienne. Et ce n'est pas la première fois que des condamnations pour des raisons religieuses sont prononcées en Algérie Au printemps dernier par exemple, une autre opposante politique a été condamnée à un an de prison ferme, notamment pour "offense à l'islam". Elle a depuis été remise en liberté provisoire.

De nombreux pays musulmans, comme le Pakistan, l'Arabie saoudite ou l'Iran par exemple, jugent et condamnent régulièrement leurs citoyens ou des étrangers pour des raisons liées à l'islam. Mais en Algérie, même si l'islam est religion d'État, l'histoire du pays a été longtemps imprégnée d'une forme de laïcité. Elle subsiste aujourd'hui uniquement du côté des opposants réunis au sein du Pacte de l'Alternative Démocratique, et encore, des fractures sont apparues au sein de ce mouvement, précisément sur la question de la laïcité.

Les partis laïcs inaudibles dans la campagne référendaire

Dans le débat, les partis laïcs sont audibles, mais pas dans la campagne puisque seuls les partis qui appellent à voter sont autorisés à faire campagne. Or les partisans de la laïcité ont décidé de boycotter le référendum. Le paradoxe, c'est que les islamistes (proches de Frères Musulmans) qui eux appellent à voter non le 1er novembre dénoncent un projet de constitution trop laïc à leur goût. Ils critiquent par exemple un article selon lequel "l'Etat protège la femme contre toutes les formes de violence en tous lieux".

Les islamistes y voient un risque de "menacer la sphère familiale privée". Jusqu'à présent, le référendum du 1er novembre suscite avant tout l'indifférence de la rue algérienne.

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