Mali : l'ex-rébellion déplore le bilan de l'accord de paix signé il y a six ans à Alger
L'accord d'Alger avait permis de désamorcer la tension dans le nord du Mali, mais les réformes se font attendre.
La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), l'ex-rébellion à dominante touareg dans le nord du Mali, dresse un bilan négatif de l’accord de paix signé en 2015 à Alger avec les autorités maliennes. Cet accord considéré comme un facteur capital pour stabiliser le pays n’a pas été vraiment appliqué à ce jour.
Un "accord de paix et de réconciliation"
L’accord d'Alger négocié en 2015 dans la capitale algérienne avait pour but de mettre fin aux violences qui ont ensanglanté le Mali depuis 2012. Il avait été signé par le gouvernement de l'époque et la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA). Cette alliance est composée essentiellement d'anciens groupes armés indépendantistes touaregs et nationalistes arabes qui avaient combattu les forces maliennes dans le Nord.
L'accord de paix et de réconciliation a permis de cesser les hostilités et de désamorcer la tension. Les jihadistes, qui avaient d'abord combattu avec les rebelles touaregs et arabes avant de se retourner contre eux, ne sont pas concernés. Ils ont depuis étendu leurs actions au centre du Mali ainsi qu’aux pays voisins (Niger, Burkina Faso) rendant la situation encore plus complexe.
Un bilan décevant
Le problème de l’accord d’Alger est que son application est "extrêment laborieuse", comme l'expliquait il y a un an déjà International crisis group.
Les principales dispositions politiques, comme la démobilisation et la réintégration des groupes armés, n’ont pas eu lieu comme prévu. La décentralisation et le développement économique du nord du Mali, la zone que les Touaregs appellent l'Azawad, se font également attendre. C'est principalement pour ces raisons que la CMA dresse un bilan négatif. L’ex-rébellion du Nord fait porter la responsabilité de ces "résultats non satisfaisants" aux précédents dirigeants maliens, renversés par deux coups d’Etats successifs ces neuf derniers mois.
Quelles suites ?
L’équipe aujourd’hui au pouvoir promet de respecter les "principes fondamentaux" et insiste sur une "relecture intelligente" de l’accord de paix sans donner plus de précisions. Avant sa nomination, le nouveau Premier ministre Choguel Maïga était un farouche opposant à l'accord d'Alger. Il est désormais à la tête d'une équipe de 28 membres, dont deux appartenant à la CMA. La nouvelle configuration politique est marquée par l'absence du président de la Coordination des mouvements de l'Azawad. Sidi Brahim Ould Sidati a été assasiné par balles, en avril dernier à Bamako. Il était l'un des signataires de cet accord de paix inachevé.
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