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Le maréchal libyen Haftar menace l'Algérie d'une guerre
Le maréchal Haftar, homme fort de l'Est libyen, a menacé l'Algérie de déclencher une guerre contre elle, l’accusant d’avoir «exploité la situation sécuritaire» dans son pays et d’y avoir envoyé des soldats. Ces accusations libyennes traduisent une fois de plus le désordre qui règne en Libye sept ans après la chute du colonel Khadafi, renversé par les puissances occidentales.
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«En temps de guerre, on ne permet à personne de s’approcher de nous. Les Algériens ont profité de l’occasion et ont pénétré sur le territoire libyen. J’ai envoyé le général Abdelkrim à Alger pour leur dire que ce qu’il s’est passé n’est pas fraternel», a déclaré le maréchal Khalifa Haftar à la tête de son ANL (Armée nationale libyenne), qui règne sur la partie Est de la Libye.
Selon le maréchal, les autorités algériennes se seraient excusées pour ce qu’elles ont présenté comme étant un cas «isolé». En revanche, du côté algérien, aucune réaction officielle n’a été enregistrée concernant ces présumées incursions.
«Quoi qu’il en soit, les accusations du commandant en chef de l’ANL ont surpris de nombreux observateurs, surtout que l’Etat algérien est connu pour son refus obstiné de mener des opérations militaires à l’extérieur de ses frontières et son respect scrupuleux de la souveraineté des pays», note El Watan, le journal de référence algérien.
Depuis le renversement du régime Khadafi, la Libye est en proie à une absence d'Etat central et à une division politique entre la partie Est et la partie Ouest, en théorie sous la gestion du gouvernement reconnu par la communauté internationale. Ce désordre est propice à tous les trafics et à l'accueil de rebelles de toute la région.
Attaque contre Tiguentourine en 2013
Tout près de la frontière libyenne, l’Algérie avait connu en 2013 une attaque terroriste contre le site d’exploitation gazière de Tiguentourine (In Anemas), faisant 37 morts. Pour la presse algérienne, «nombreuses (sont) les fois aussi où les milices libyennes ont traversé la frontière algérienne pour s’adonner à des actes de brigandages sur le territoire algérien. Un wali (préfet) a même été enlevé au cours de l’une de ces «descentes.» Selon El Watan, «il se pourrait, en effet, que les incursions dont parle Khalifa Haftar aient été justifiées par des urgences sécuritaires. Mais cela reste tout de même à vérifier.»
La frontière entre les deux pays fait 982 km et l’Algérie aurait mobilisé «entre 40.000 et 50.000 hommes», selon des sources sécuritaires citées par MEA.
La mise en cause de l’Algérie par le maréchal Haftar intervient deux jours après qu’il a indiqué vouloir marcher sur Tripoli. Selon le journal algérien TSA, «entre l’Algérie et le maréchal Khalifa Haftar, ça n’a jamais été la lune de miel». Il est vrai qu'Alger a adopté une position dans le dossier libyen qui fait la part belle à la solution onusienne, guère favorable au «gouvernement» de l'Est libyen. Et le journal ajoute qu'en menaçant Alger, «Haftar a brûlé ses vaisseaux dans sa relation avec l’Algérie, acteur clé s’il en est dans le règlement de la crise libyenne».
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