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La France déconseillait-elle de se rendre dans le parc de la Pendjari, au Bénin, où ont été enlevés les otages libérés au Burkina Faso ?

Jean-Yves Le Drian a affirmé, samedi, que les deux touristes se trouvaient en "zone rouge". Une version tempérée par une source diplomatique française.

Article rédigé par franceinfo
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Des éléphants dans le parc de la Pendjari, au Bénin, le 11 janvier 2018. (STEFAN HEUNIS / AFP)

Les deux Français enlevés le 1er mai au Bénin ont pris "des risques majeurs" en se rendant dans le nord du pays, selon Jean-Yves Le Drian. "Les conseils aux voyageurs [du Quai d'Orsay] doivent être respectées intégralement, a affirmé le ministre des Affaires étrangères à leur arrivée à l'aéroport de Vélizy-Villacoublay (Yvelines), samedi 11 mai, en s'adressant aux touristes et aux agences de voyage. Ce ne sont pas des vœux pieux, ce sont des incitations impératives." "Certainement aurions-nous dû prendre davantage en considération les recommandations de l'Etat et la complexité de l'Afrique", ont estimé pour leur part les ex-otages Laurent Lassimouillas et Patrick Picque.

Quelles étaient ces recommandations ? Plus tôt dans la journée, Jean-Yves Le Drian avait affirmé que "la zone où étaient nos deux compatriotes était considérée depuis déjà pas mal de temps comme une zone rouge, c'est-à-dire une zone où il ne faut pas aller".

La zone frontalière "formellement déconseillée" juste avant l'enlèvement

Le 27 avril, soit cinq jours avant le kidnapping, une bande frontalière avec le Burkina Faso apparaissait bien en rouge sur la page "Conseils aux voyageurs" consacrée au Bénin sur le site du ministère (la page est archivée ici)"Compte tenu de la présence de groupes armés terroristes et du risque d'enlèvement, les déplacements à la frontière nord du Bénin sont formellement déconseillés", était-il précisé. 

Carte de vigilance du Bénin sur le site du ministère français des Affaires étrangères, fin avril 2019. (MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES / FRANCEINFO)

Mais Patrick Picque et Laurent Lassimouillas se trouvaient-ils bien sur cette bande ? Le jour même, les deux touristes étaient partis du Pendjari Lodge, situé à la limite de la zone rouge. Ils devaient visiter le nord-est du parc national de la Pendjari. La plus grande partie du parc, sanctuaire de la faune sauvage d'Afrique de l'Ouest, n'était qu'en orange ("zone déconseillée sauf raison impérative") ou en jaune ("zone de vigilance renforcée"). Cet espace n'était pas explicitement mentionné sur le site du ministère, contrairement à un autre parc béninois, le parc national du W, où il était "formellement déconseillé de se rendre et de séjourner".

Un parc en zone rouge ou orange ?

"On ne sait pas précisément où ils ont été enlevés, donc on ne sait pas si c'était en zone rouge ou orange, a affirmé dans la journée de samedi une source diplomatique française, jointe par franceinfo. Quoi qu'il en soit, une zone orange est en soi déconseillée pour le tourisme." Selon les autorités béninoises, citées par RFI, des traces de traversée de la rivière vers le Burkina Faso ont été relevées. La direction du parc a confirmé à France 2 avoir identifié des traces et précise que le corps du guide a été retrouvé "à un ou deux kilomètres de la frontière". Le véhicule a ensuite été retrouvé plus loin, au Burkina Faso. Mais le lieu précis du kidnapping n'est pas connu à l'heure actuelle.

Depuis quand les Français avaient-ils organisé leur déplacement ? En novembre 2018, dans une précédente version de sa page "Conseils aux voyageurs", le ministère des Affaires étrangères ne classait aucune partie du parc national de la Pendjari en rouge, ni même en orange. "Une vigilance particulière est conseillée dans les zones frontalières", expliquait simplement le Quai d'Orsay. La carte, inchangée depuis 2015, avait commencé à changer de couleur en décembre 2018.

Cartes de vigilance du Bénin telles que présentées par le ministère des Affaires étrangères en novembre 2018, en décembre 2018 et en mai 2019. (MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES / FRANCEINFO)

Désormais, le parc national de la Pendjari figure parmi les "zones formellement déconseillées" sur la page du ministère, "en raison d'activités possibles de groupes armés et du risque d'enlèvement".

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