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Liberté de la presse en Algérie : le ministre de la Communication Ammar Belhimer s’en prend violemment à RSF

Dans le dernier classement de Reporters sans frontières, l'Algérie perd cinq places et se retrouve 146e sur 180. Pour le ministre, RSF est une "chaîne d'expression du soft power français". 

Article rédigé par franceinfo Afrique
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Manifestation des employés de la télévision d’Etat contre la censure à Alger, le 15 avril 2019 (RYAD KRAMDI / AFP)

Dans un communiqué d'une rare violence, à lire dans son intégralité sur le site de l'agence officielle APS, le ministre algérien de la Communication, Ammar Belhimer, ne décolère pas contre Reporters sans frontières (RSF). Une ONG coupable, selon lui, d'indignations sélectives et de fixation sur l'Algérie en plus d'être un instrument politique.

On sait que RSF, bien que ce soit une ONG, est un élément de la chaîne d’expression du soft power français à travers le monde

Ammar Belhimer, ministre de la Communication

Communiqué

Au moins deux journalistes algériens sont actuellement derrière les barreaux : Khaled Drareni, journaliste indépendant et correspondant de RSF en Algérie, et Sofiane Merakchi, correspondant de la chaîne libanaise Al Mayadeen.

"Martyrs de la liberté de l'information"

Sans jamais citer de noms, le ministre accuse RSF de ne mettre "en avant que trois ou quatre journalistes en vue. (...) Toujours les mêmes d’ailleurs, pour mieux en faire des martyrs de la liberté de l’information. Alors même que ces journalistes, en réalité des activistes et des professionnels de la subversion, sont distingués en raison de leurs attaques acharnées contre les symboles de l’Etat algérien", a-t-il souligné.  Selon le ministre, "ce sont ces mêmes journalistes, sous protection permanente de puissances étrangères, que RSF défend inlassablement, certains étant des correspondants attitrés", en référence à Khaled Drareni. 

"Acte présenté comme censure"

Le ministre accuse aussi RSF d'inventer de fausse censure. "Son intervention va jusqu’à simuler des atteintes à la liberté d’expression, comme ce fut récemment le cas de l’affaire du site Interlignes. Nous supposons qu’il a été stoppé volontairement par ses propriétaires, un acte présenté comme une censure afin de bénéficier de plus d’exposition médiatique et ce, à quelques jours de la date du 3 mai, Journée mondiale de la liberté de la presse", affirme Ammar Belhimer. Démenti catégorique du directeur du site Interlignes.

La censure des médias et l’emprisonnement des journalistes risquent de noircir encore davantage l’image de notre pays, déjà en bas de l’échelle en matière de la liberté de la presse

Bouzid Ichalalene, directeur de publications d'Interlignes

Pas de trève pendant le Coronavirus 

L’Algérie a dégringolé de cinq places dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par l’ONG Reporters sans frontières (RSF) pour s’établir à la 146e position sur un total de 180 pays. L'Algérie a censuré ces derniers jours plusieurs médias en ligne, arguant notamment de financements étrangers illégaux, un tour de vis qui inquiète les défenseurs des libertés de la presse et d'expression. 

"Avec cinq places en moins, l’Algérie (146e) enregistre la plus forte baisse dans la région (Afrique du Nord). Il est vrai que les journalistes algériens ont été mis à rude épreuve depuis le début, en février 2019, du Hirak, le mouvement de protestation populaire. Les interpellations et intimidations de la part des services de sécurité se sont multipliées et accentuées au fil des mois de contestation. L’arrêt des manifestations pour cause d’épidémie de coronavirus n’a pas permis de mettre un terme à la mise sous pression des journalistes. Au contraire", remarque RSF dans son rapport

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