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Ses quatre mandats, ses relations avec l'armée, ses ennuis de santé et sa démission... On vous résume les années Bouteflika en Algérie

Arrivé au pouvoir en 1999, Abdelaziz Bouteflika a démissionné mardi 2 avril après d'immenses manifestations en Algérie ces dernières semaines. 

Article rédigé par franceinfo, Thibaut Cavaillès - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Abdelaziz Bouteflika en février 2012.  (FAROUK BATICHE / AFP)

Ce sont les dernières heures d'Abdelaziz Bouteflika à la tête de l'Algérie. Mercredi 3 avril, le Conseil constitutionnel se réunit pour entériner sa démission après 20 ans à la tête du pays. Son départ semble confirmer le déclin du clan Bouteflika au profit de l'armée, qui dirigeait avec lui le pays depuis 1999. 

"Dites aux généraux de me bouffer, s'ils peuvent le faire" 

Dès le début ça n'a pas été simple. À peine élu, Abdelaziz Bouteflika assurait qu'il allait gouverner sans l'armée. "Aucune institution de la République, fut-elle l’armée nationale populaire, ne peut faire une bouchée de moi", déclarait-il en juillet 1999 en marge du forum de Crans Montana, en Suisse. "Je suis l’incarnation du peuple algérien alors dites aux généraux de me bouffer s’ils peuvent le faire !"

Abdelaziz Bouteflika, lui-même militaire, écartera l'armée un temps du pouvoir. Il apparaît alors comme provocateur, arrogant et sûr de lui. Mais l’issue de ces 20 années de pouvoir a une toute autre allure, notamment à cause des séquelles de son accident vasculaire cérébral en 2013. Mardi 2 avril au soir, des images de la télévision algérienne le montraient, hagard, amaigri, enfoncé dans son fauteuil et parvenant à peine à remettre sa lettre de démission au président du Conseil constitutionnel.

Les relations difficiles jusqu'en 2001, avant les ennuis de santé 

Une image difficile qui pourrait symboliser la chute d’un homme, et avec lui son clan, face à l'armée qui participe à la conduite du pays depuis son indépendance. Le président algérien réussira à l'écarter du pouvoir en s’alliant avec les services secrets algériens. Elle reviendra au cœur du système après des manifestations populaires trop violemment réprimées par la police en 2001.

En 2005, les premiers ennuis de santé isolent Abdelaziz Bouteflika. Son frère Saïd apparaît alors comme très influent. Ce sera encore plus le cas lorsqu'en 2013 le président subit un AVC, qui l'a depuis rendu mutique. Tout au long de ces années, il aura été difficile, voire impossible, de savoir ce qui se tramait à la tête du pays.

Les manifestations monstres de 2019 

Ces dernières semaines, la contestation populaire poussant des millions d’Algériens dans les rues a été plus lisible. L’armée, qui dans un premier temps accusait les manifestants de vouloir ramener le pays aux années de guerre civile, s’est finalement ralliée au peuple en évoquant la démission de Bouteflika comme une solution possible à la crise. 

Manifestation contre le président Abdelaziz Bouteflika à Alger, place de la Grande Poste. Algérie le 29 mars 2019. (KAHINA NAZIR / RADIO FRANCE)

Le clan Bouteflika a accepté lundi 1er avril de céder le pouvoir, en promettant un départ du chef de l'État avant le 28 du mois, date de fin de son mandat. Mais Saïd, le frère, a essayé de gagner du temps, procédé très utilisé par le pouvoir algérien, en proposant à l'ancien président de la République Liamine Zéroual d'assurer la transition en cas de démission. Cette démarche a été peu appréciée par le chef d'état-major de l'armée. Le général Ahmed Gaïd Salah dénonçait mardi 2 avril "l'entêtement et la sournoiserie de certains individus à la tête du pays". 

Dans la soirée du 2 avril tout s'est accéléré. Abdelaziz Bouteflika a cédé, le "Raïs" a remis officiellement sa démission, mais le clan "Boutef" cependant bouge encore. Le président du Conseil des Nations, l'équivalent du Sénat algérien, prend l'intérim. Abdelkader Ben Salah est un proche d'Abdelaziz Bouteflika. Certains membres du gouvernement doivent aussi rester en place jusqu'aux prochaines élections. Parmi eux, le général Salah, ce qui n’augure pas une ambiance des plus détendues entre les ministres. Dans ce combat il faut cependant désormais prendre en compte un arbitre d’un nouveau genre : les citoyens algériens qui n’ont pas dit non plus leur dernier mot.

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