Grêlons "œufs de pigeon", "éclairs de chaleur" et "canicule" : trois explications sur la météo du week-end
Après un week-end marqué par les orages et la grêle, 32 départements sont toujours en vigilance orange lundi 9 juin, à la mi-journée. Retour sur les phénomènes météorologiques de ces derniers jours.
L'accalmie est de courte durée. Après une première nuit mouvementée pour les services de secours, une nouvelle vague d'orages doit déferler sur la France dans l'après-midi du lundi 9 juin, prévient Météo France.
Trente-deux départements ont été placés en alerte orange en prévision de cette intense activité orageuse, liée à un cocktail de deux phénomènes, explique Jean-Marc Souami, spécialiste météo de France 3 : "Une remontée d'air très chaud du Maghreb et de l'air froid et humide de l'Atlantique."
Averses de grêle, éclairs de chaleur, "canicule"... comment expliquer ce soudain emballement dans le ciel hexagonal ? Retour sur les phénomènes météorologiques du week-end.
La naissance des grêlons "œufs de pigeon"
Ils sont "de la taille d'une balle de ping-pong", "de golf", "de tennis" voire comparables à des "œufs de pigeon" : les grêlons peuvent saccager votre jardin, ruiner la carrosserie de votre voiture ou dévaster votre toiture. Ils ont causé de nombreux dégâts matériels dans la nuit de dimanche à lundi dans le Val-d'Oise et les Yvelines.
A l'origine de ce fléau, le coupable est souvent le même : le cumulonimbus. Ce méchant et imposant nuage, "caractéristique des phénomènes orageux" selon Météo France, peut s'élever jusqu'à 15 kilomètres d'altitude et la température à son sommet descend bien en-dessous de 0°C. A l'intérieur de cet amas menaçant, l'eau est présente sous la forme de gouttelettes et de cristaux de glace, comme l'explique le célèbre Jamy dans cet épisode de "C'est pas sorcier" (à 11:50 et 19:45).
A partir de là, ce sont les courants d'air internes au nuage, descendants et ascendants, qui font le reste. Emportés par un courant descendant, les cristaux de glace chutent, fondent et agglomèrent autour d'eux des gouttes d'eau. Renvoyés à des altitudes plus froides, ces amas forment alors un premier grêlon, qui à son tour descend, fond, se recharge en eau. Puis remonte, se recongèle, forme un grêlon plus gros. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que les courants ne parviennent plus à supporter le poids du grêlon, comme le résume cette fiche (PDF en anglais) des services météorologiques américains.
Le déluge s'abat alors sur vos têtes. Si vous tentez l'expérience de couper un grêlon, vous verrez qu'il n'est pas composé d'une seule couche de glace, précise Météo France, mais de couches successives, transparentes ou translucides. Le résultat de ces multiples voyages à travers les courants ascendants et descendants.
Le "mythe" des "éclairs de chaleur"
Cet épisode orageux est "assez exceptionnel" selon Jean-Marc Souami, de France 3. Météorage a enregistré 47 722 impacts de foudre sur la journée de dimanche. A titre de comparaison, le record, enregistré le 6 août 1999, est de 75 901 impacts dans une journée, rappelle Météo France. Normalement, les éclats lumineux de ces nombreux éclairs vont de pair avec, après un certain temps, le grondement du tonnerre. Mais parfois rien : le ciel a beau s'illuminer au-dessus de vos têtes, vous avez beau tendre l'oreille, aucun son ne vous parvient. Certains qualifient ce phénomène d'"éclairs de chaleur".
Joli nom, sauf que ça ne veut rien dire, comme l'expliquent les spécialistes météo du Washington Post (en anglais). "Un mythe", explique Brad Panovich, météorologue pour une chaîne du groupe NBC (en anglais) aux Etats-Unis. Il s'agit en réalité d'orages tout à fait classiques, si ce n'est qu'ils sont lointains. Assez proches pour que vous puissiez voir l'éclair, mais trop éloigné pour que le son - bien moins rapide que la lumière - ne parvienne jusqu'à votre oreille.
"Le terme est donc un peu trompeur, parce que le phénomène n'a rien à voir avec la chaleur de l'éclair, abonde Brent Mc Roberts, climatologue et chercheur à l'université Texas A&M (en anglais). La nuit, on peut voir les éclairs de très loin, jusqu'à 160 kilomètres. Mais le son ne se propage pas aussi loin."
La fausse "canicule"
Non, la canicule ne s'est pas encore abattue sur la France. Si vous employez cette expression, vous commettez un abus de langage car la canicule répond à une définition bien précise : "Un niveau de très fortes chaleurs le jour et la nuit pendant au moins trois jours consécutifs", explique le site du gouvernement. Tout dépend ensuite de l'impact de la chaleur sur la population et du climat régional : à Lille, le thermomètre doit atteindre au moins 33°C le jour, 18°C la nuit, détaille La Croix, contre respectivement 36°C et 21°C à Toulouse.
Alors certes, le thermomètre s'est affolé ces derniers jours, atteignant par exemple 35°C en Alsace lundi. Certes, le gouvernement a décidé d'activer en avance son numéro vert d'information (0800 06 66 66), destiné à prodiguer des conseils pour faire face aux vagues de chaleur de l'été. Mais "il ne faut pas s'inquiéter outre mesure", a martelé la ministre de la Santé, Marisol Touraine, sur RTL. "Ce n'est pas du tout la canicule, c'est ce qu'on appelle un pic de chaleur."
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