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Quatre chiffres pour (enfin) prendre au sérieux le réchauffement climatique

A long terme, les conséquences de l'émission de gaz à effet de serre pourraient être désastreuses, avec une montée du niveau des océans de 82 cm d'ici à 2100. Francetv info dresse une liste des répercussions sur l'homme.

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 8min
Les ruines d'une maison du village de Doun Baba Dieye (Sénégal), détruite par la montée du niveau de l'Atlantique, le 7 mai 2013. (SEYLLOU / AFP)

Le casting est impressionnant. Près de 120 chefs d'Etat doivent se réunir, mardi 23 septembre, pour le sommet sur le climat de l'ONU, à New York (Etats-Unis). Cette réunion doit ranimer les négociations sur le climat, en prévision d'une conférence décisive qui aura lieu l'an prochain, à Paris.

"Il s'agira du plus grand rassemblement de chefs d'Etat jamais organisé sur le problème du climat, à un moment où le monde a pris conscience qu'il faut agir d'urgence", souligne l'envoyée spéciale des Nations unies sur le changement climatique, l'Irlandaise Mary Robinson. Au cas où cela vous semblerait encore abstrait, francetv info dresse une liste non exhaustive de faits et de chiffres pour enfin prendre au sérieux le changement climatique.

22 millions de réfugiés climatiques en 2013, autant que la population de Côte d'Ivoire

L'année dernière, le nombre de personnes déplacées à cause des catastrophes naturelles a été trois fois supérieur au nombre de réfugiés liés à la guerre, indique l'Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC) dans un rapport (PDF, en anglais) publié mercredi 17 septembre. Dans le détail, en ce qui concerne les déplacés à cause de catastrophes naturelles, 31% ont dû quitter leur domicile à cause de désastres hydrologiques (inondations) et 69% à cause de catastrophes météorologiques (tempêtes, ouragans, typhons).

Les zones les plus touchées sont situées en Afrique et en Asie. Les spécialistes mettent notamment en cause la surpopulation de certaines parties de ces continents. Mais "cette tendance à la hausse est indubitablement liée au réchauffement climatique", a expliqué au Figaro.fr François Gemenne, spécialiste des migrations environnementales. Ce chercheur, qui a participé à la relecture du rapport, souligne que les ouragans et les typhons sont aujourd'hui "plus violents, plus fréquents, et suivent des trajectoires inattendues".

Sans compter que le nombre de réfugiés climatiques devrait encore augmenter dans les années et les décennies à venir, étant donné la forte croissance démographique des régions concernées. Par exemple, la population du continent africain doit doubler d'ici à 2050.

Des centaines de millions de personnes menacées par la montée du niveau des océans

Selon un rapport publié le 6 septembre par le ministère français de l'écologie, la France pourrait, dans le pire des cas, voir ses températures augmenter de 5°C d'ici à la fin du siècle. Par conséquent, en septembre 2013, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) a revu à la hausse ses projections concernant le niveau de la mer. Selon les climatologues du monde entier, la montée du niveau des océans s'est accélérée depuis vingt ans : 3,2 mm par an en moyenne sur les vingt dernières années, contre 1,7 mm en moyenne entre 1901 et 2010. Ils ont alors évoqué une hausse probable de 26 à 82 cm d'ici à 2100.  

La France ne sera pas épargnée par la montée des océans. Une partie de son littoral risque d'être engloutie. Ainsi, sur les côtes du Nord-Pas-de-Calais, si le niveau de la mer du Nord montait de 80 cm, "un territoire d'un demi-million d'habitants pourrait se retrouver sous les eaux, au sein du triangle Dunkerque-Calais-Saint-Omer", relevait France 3 Nord-Pas-de-Calais, en octobre 2013.

Gif animé réalisé à partir d'une infographie de France 3 Nord-Pas-de-Calais montrant les conséquences sur le littoral du Nord-de-Pas-de-Calais d'une élévation de 80 cm du niveau des océans. ( FRANCE 3)

Sur la façade atlantique, la côte est déjà grignotée de plusieurs mètres chaque année, comme le montraient des reportages de France 2, en septembre 2013, et de France 3, en janvier 2014. Le phénomène pourrait s'accélérer, obligeant certaines stations balnéaires à se replier à plusieurs centaines de mètres du rivage. C'est notamment ce qui est envisagé à Lacanau (Gironde), comme l'expliquait Sud-Ouest en janvier. 

En Europe, la montée des océans fait réagir certains pays. Les Pays-Bas ont annoncé, mardi 16 septembre, qu'ils allaient investir 20 milliards d'euros sur trente ans pour renforcer leur colossal système de digues. Les deux tiers du pays sont en effet situés sous le niveau de la mer.

Mais la menace pèse particulièrement sur les petits états insulaires du Pacifique, et de nombreuses mégalopoles côtières d'Asie ou de la côte est des Etats-Unis. Des centaines de millions de personnes sont concernées. En Floride (Etats-Unis), les conséquences sont déjà visibles et la population se prépare au pire. Certaines constructions neuves sont déjà surélevées pour anticiper une hausse du niveau de la mer, comme le montre ce reportage de France 24 tourné en août 2013.

De son côté, Christopher Loeak, président des îles Marshall, tire la sonnette d'alarme. "Ici, au milieu de l'océan Pacifique, le changement climatique est arrivé, a-t-il lancé, jeudi 18 septembre. Les plages de l'île de Buoj où je pêchais enfant sont déjà sous les eaux, et l'eau douce dont nous avons besoin pour faire pousser nos cultures devient chaque jour plus salée."

Cent millions de morts d'ici à 2030, l'équivalent de la population des Philippines

La famine et les maladies qui résultent du changement climatique, auquel s'ajoute la pollution de l'air, sont responsables, chaque année, de plus de 5 millions de décès. Ce chiffre pourrait atteindre les 6 millions de morts par an, et donc totaliser 100 millions de morts d'ici à 2030, si rien ne change dans nos pratiques polluantes, avertissait, en septembre 2012, un rapport (PDF, en anglais) de l'organisation humanitaire espagnole DARA. Le travail avait été commandé par Climate Vulnerable Forum (CVF), un organisme qui regroupe 20 pays menacés par les changements climatiques.

D'après le rapport, plus de 90% de ces décès devraient survenir dans les pays en voie de développement.

Un coût de 1 050 milliards d'euros d'ici à la fin du siècle, soit 2 fois le PIB de la Belgique

1 050 milliards d'euros : ce chiffre astronomique est l'estimation du coût global du changement climatique à l'horizon 2100. Elle est apparue, en février, dans un rapport préliminaire du Giec. Pour établir ce chiffre, les chercheurs du Giec ont notamment calculé les conséquences d'une hausse de la température globale de 2,5° C d'ici à 2100, l'hypothèse qu'ils retiennent (et qui est loin d'être la plus catastrophiste). Dans un tel cas de figure, "pour les seules céréales (blé, maïs, riz, orge, etc.), la production mondiale devrait baisser entre 0,2% et 2% chaque décennie", relevait Le Figaro. "Les cultures céréalières, qui représentent 15% des surfaces agricoles de la planète, seraient affectées par la hausse de la température et des conditions météorologiques dégradées, comme des pluies fortes et répétées", ajoutait le site du quotidien.

Et plus les responsables internationaux tardent à prendre des mesures pour limiter le réchauffement climatique, plus la note sera salée. "Le monde doit agir plus vite pour maintenir le réchauffement climatique dans les limites globalement admises ou il sera contraint de s'en remettre à des solutions technologiques coûteuses et encore aléatoires", a estimé le Giec, en avril, dans le troisième et dernier volet de son cinquième rapport. "On ne peut pas s'amuser à attendre en pariant sur des miracles technologiques qui surgiront pour nous sauver la mise", a également déclaré la Costaricaine Christiana Figueres, secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique.

La communauté internationale espère conclure, fin 2015, lors de la conférence de Paris, un accord pour contraindre la réduction d'émissions de gaz à effet de serre. Objectif : limiter le réchauffement à 2° C par rapport à l'ère pré-industrielle. Mais selon le Giec, pour remplir un tel objectif, il faudrait que les émissions de gaz à effet de serre chutent de 40 à 70% par rapport à leurs niveaux de 2010 d'ici à 2050. Et pour le moment, nous sommes loin du compte.

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