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Météo : les températures plongent mais peut-on parler de "vague de froid" ?

Après un été extrêmement chaud et un automne très doux, les températures sous les moyennes de saison observées ces derniers jours sur une partie de la France picotent les mains et le bout du nez. Elles sont pourtant tout à fait normales.
Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une personne enfile un bonnet alors que les températures baissent, en Saône-et-Loire, le 6 décembre 2022. (MAXPPP)

Vous avez froid ? C'est normal. Sur une bonne partie de la moitié nord de la France, les températures maximales plafonnent déjà, mercredi 7 décembre, sous les moyennes de saison, mercredi 7 décembre. En cause : "un régime favorable à une descente d'air froid en provenance du nord de l'Europe", explique Florian Hortala, prévisionniste à Météo France. Porteuse d'un air froid et sec en surface ainsi qu'en altitude, cette dynamique va plonger vers le sud au cours du week-end, y provoquant là aussi une baisse des températures. Après plusieurs mois de douceur en France métropolitaine, ce coup de froid s'avère particulièrement piquant. Pourtant, cet épisode n'a rien d'exceptionnel. Loin de constituer pour l'instant une vague de froid, il rappelle à notre mémoire le souvenir d'un vieux compagnon du mois de décembre : l'hiver.

Des critères loin d'être remplis

Car il ne suffit pas de passer sous les normales saisonnières pour entrer dans une "vague de froid". A Météo France, cette notion se définit comme un épisode froid d'au moins trois jours étendu sur le pays. La température moyenne nationale doit franchir plusieurs seuils : elle doit passer au mois une fois sous la barre des -2°C et rester sous 0,9°C pendant au moins trois jours. Enfin, si cette température moyenne nationale monte, même ponctuellement, au-dessus de 2,2°C, on sonne la fin de l'épisode. 

La température nationale quotidienne observée en ce début décembre est loin de remplir ces critères, même avec la baisse du mercure attendu ce week-end. "La moyenne des maximales dans le sud [de la France] s'établit autour de 10°C pour vendredi et descendra autour de 7°C et 6°C pour samedi et dimanche", détaille Florian Hortala. "Dans le nord [du pays], ce sera plus constant : avec des minimales qui descendent à -2°C ou -3°C et des maximales autour de 3°C jusqu'à lundi, alors que la normale s'établit à 8°C." Des conditions froides donc, mais pas une "vague de froid".  

La température moyenne quotidienne agrégée, entre le 25 novembre 2022 au 6 décembre 2022. (METEOFRANCE)

Un phénomène en voie de disparition

La dernière vague de froid sur l'Hexagone a été enregistrée il y a près de cinq ans, entre le 26 et le 28 février 2018. La précédente, en 2012, avait quant à elle duré 13 jours, du 1er au 13 février. Une exception. Météo France note dans cet article consacré à ces phénomènes que "les hivers les plus doux depuis 1900 se sont produits au cours des 25 dernières années, tandis qu’aucun des dix hivers les plus froids n’a été observé au cours des 50 dernières années."

Si des phénomènes exceptionnels tels que celui de février 2012 demeurent possibles, les chances qu'ils surviennent sont de plus en plus minces. A mesure que nos émissions de gaz à effet de serre augmentent, alimentant le réchauffement climatique, les vagues de froid sont de plus en plus rares et de plus en plus courtes, comme le montre ce graphique de Météo France, répertoriant les 46 vagues de froid qui ont touché l'Hexagone depuis 1947.

Les vagues de froid observées en France hexagonale entre 1947 et 2022. (METEOFRANCE)

Aussi, cette impression de froid face à un hiver classique traduit notre accoutumance à des températures douces, alors que l'année 2022 est d'ores et déjà "la plus chaude" jamais mesurée en France depuis le début des relevés en 1900. La température moyenne en France s'est en effet réchauffée de 1,7°C.

"Nous avons très peu de mémoire climatique", notait le climatologue Christophe Cassou, interrogé en juillet, au début de ce qui s'avérera l'été le plus chaud observé en France depuis 2003. Chiffres à l'appui, il démontrait à ceux qui prétendaient le contraire que les températures n'étaient pas "les mêmes qu'avant". Un biais cognitif à combattre en toute saison.

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