: Témoignage Syrie : "Depuis longtemps, je prépare mon fils à ça", raconte une des Françaises rapatriées avec son garçon de 6 ans
Parmi les femmes et enfants rapatriés par la France mardi, il y a une mère et son fils de 6 ans que franceinfo avait rencontrés en avril dans le camp de Roj, au nord-est de la Syrie.
Il s'agit du premier rapatriement massif de femmes et d'enfants de jihadistes organisé par les autorités françaises.Le Quai d'Orsay a annoncé mardi 5 juillet que 35 enfants et 16 mères qui se trouvaient dans les camps du nord-est de la Syrie ont été rapatriés en France. Les mineurs ont passé leur première nuit en France et ont été confiés aux services chargés de l’aide à l'enfance. Les 16 femmes, elles, ont dormi derrière les barreaux. Parmi elles, il y a Sarah qui est rentrée en France avec son petit garçon de 6 ans.
En avril 2022, nous les avions rencontrés à Roj, dans cette prison à ciel ouvert, en plein désert syrien. À l'époque, elle avait préparé son fils à un retour sans elle, selon la doctrine du "cas par cas" du gouvernement qui ne souhaitait pas rapatrier les femmes. Le petit garçon est né en Syrie, il n’a jamais connu la France, il ne connaît que l’enfer des camps syriens, mais il réclamait d’aller à l’école. "On m'a fait écrire un papier en arabe où je disais que j'étais d'accord pour envoyer mon fils en France, raconte Sarah. Depuis longtemps, je le prépare à ça. Il était d'accord, il me disait : 'Moi, je vais prendre l'avion et toi tu vas rester ici'. Et là, est-ce que c'est parce qu'il est plus grand ? Ou est-ce qu'il a compris l'enjeu ? Il m'a dit : 'Je ne veux pas y aller sans toi, je veux que tu viennes avec moi'."
"J'ai appris à le connaître à distance"
Dans l’avion qui les a ramené à l’aéroport militaire de Villacoublay (Yvelines), la mère a pris le temps de lui expliquer la suite, leur séparation, elle en prison, lui dans une famille d'accueil, mais avec un droit de visite, et la rencontre prochaine avec sa tante Inès, qui n’arrive toujours pas à réaliser. "J'avais peur d'être déçue, raconte Inès. Je ne voulais pas y croire avant l'appel du Quai d'Orsay. C'est étrange, je ne le connais pas physiquement, mais je connais ses goûts, je sais ce qu'il aime, ce qu'il n’aime pas, je sais de quoi il a peur, de quoi il n'a pas peur. C'est bizarre comme relation, j'ai appris à le connaître à distance."
Cela fait quatre ans qu'Inès a fait monter un lit dans la chambre de ses enfants, pour l'accueillir chez elle. "Dans un premier temps il va être en famille d'accueil, explique Inès. ils vont investiguer sur nous, nous donner des visites 'médiatisées', comme ils disent. Après, il viendra passer du temps, des demi-journées, des week-ends complets et des vacances, jusqu'à ce que le juge estime que nous sommes dignes de confiance, et qu'il peut venir s'installer chez nous."
Les enfants d'Inès attendaient eux aussi le retour de leur tante, et de leur petit cousin. "La petite, elle ne comprend pas pourquoi on ne peut pas le voir tout de suite. Et cela lui a fait bizarre parce que je lui ai dit que sa tante a été incarcérée. Le grand, il est content pour moi parce qu'il sait que je suis soulagée." Mais Inès n'oublie pas les 160 enfants restés dans les camps. Elle continuera de se battre pour demander leur rapatriement.
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