Tirs de policiers lors d'un contrôle à Paris : des témoins de la scène assurent que le conducteur n'a pas "démarré en trombe"
Selon les informations de franceinfo, des témoins du contrôle de police dans le 18e arrondissement de Paris, samedi, contredisent la version des forces de l'ordre.
Pourquoi les policiers ont-ils tiré sur cette voiture ? Alors que le contrôle de police lors duquel un conducteur a été grièvement blessé et une passagère tuée par des tirs policiers samedi à Paris a viré à la querelle politique lundi entre Jean-Luc Mélenchon, ses adversaires et les syndicats de police, à une semaine du premier tour des législatives, l'enquête, elle, se poursuit.
La garde à vue, entamée dimanche dans les locaux de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), des deux hommes et de la femme qui auraient tiré sur le véhicule a été prolongée lundi, selon le parquet de Paris. Ces policiers sont entendus pour "violences ayant entraîné une interruption totale de travail de plus de 8 jours avec arme par personne dépositaire de l'autorité publique" et "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l'autorité publique". La garde à vue a été décidée "en raison de la gravité des conséquences des tirs réalisés et afin de vérifier les conditions d'usages de leurs armes par les intéressés", selon le parquet.
Le conducteur a feint de ne pas voir les policiers
Au total, ce sont neuf balles qui ont été tirées par trois gardiens de la paix, qui dénoncent un "refus d'obtemperer". À bord de la voiture, un conducteur, un homme de 38 ans, sans permis de conduire et dont la voiture appartient à sa mère, et trois passagers. Grièvement blessé au thorax, ce dernier n'a pas encore pu être entendu par les enquêteurs. Ce trentenaire, en semi-liberté, a de nombreux condamnations inscrites dans son casier judiciaire. Avec lui, un ami, qui est indemne, et deux jeunes femmes de 21 ans, dont l'une d'elles qui a perdu la vie, victime d'une balle dans la tête. L'autre passagère affirme qu'elles terminaient une nuit de fête au cours de laquelle elles avaient rencontré les deux hommes. Cette virée à quatre ressemblait à un dernier tour en voiture a donc tourné au drame, samedi matin.
L'IGPN cherche à savoir si les policiers étaient en état de légitime défense, comme ils l'affirment dans leur version : le conducteur du véhicule est soupçonné d'avoir foncé sur la patrouille de policiers à VTT. Entendus, les deux passagers arrière expliquent, eux, qu'il avait justement refusé de s'arrêter parce qu'il n'avait pas le permis.
D'après les informations de franceinfo, les témoins expliquent qu'il n y a pas eu de vitesse excessive et pas de "démarrage en trombe". Ceux-ci affirment que le conducteur a feint de ne pas voir les policiers, a ignoré le contrôle avant de finalement s'arrêter vu la circulation, mais trop tard.
"Ils n'ont jamais tiré avant"
"C'est la première fois qu'ils utilisaient leurs armes", indique par ailleurs l'avocat des policiers, Me Laurent-Franck Liénard. Sur franceinfo, il indique que ces derniers sont "terriblement éprouvés" : "Ils ont entre 25 et 30 ans, effectivement jeunes, et n'ont jamais tiré [avant samedi 3 juin dans la matinée]. Les trois personnes en garde à vue ont fait usage de leur arme. J'ai écouté des gens qui étaient dévastés, en larmes, complètement abasourdis. C'est vraiment terrible cette expérience de garde à vue, cette expérience de l'épée de Damoclès judiciaire. C'est très difficile à supporter. Ils ont tous exprimé leurs regrets profonds du décès de la passagère, parce qu'évidemment un policier se lève le matin pour sauver des vies, pas pour donner la mort", affirme-t-il.
Un drame qui intervient quelques semaines seulement après la mort de deux hommes, également en voiture, dans la nuit du 24 au 25 avril qui aurait forcé un contrôle sur le Pont-Neuf à Paris. Un policier avait été mis en examen pour "homicide volontaire", soupçonné ouvert le feu avec une arme automatique. Depuis 2017, les gendarmes et policiers sont soumis à la même règle : ils ne peuvent utiliser leurs armes de service qu'en cas d'absolue nécessité et de manière strictement proportionnée. Cet article du Code de sécurité intérieure précise notamment que les forces de l'ordre peuvent ouvrir le feu, si le conducteur d'un véhicule n'obtempère pas et si, dans sa fuite, il est susceptible de porter atteinte à la vie des policiers ou à celle d'autrui.
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