Qui est Rachid Kassim, soupçonné d'inciter les jihadistes français à passer à l'acte ?
Le nom de ce jihadiste français qui combat avec l'Etat islamique en Syrie et en Irak revient dans au moins quatre affaires de terrorisme en France.
Il vit en Syrie ou en Irak, mais c'est en France qu'il fait parler de lui. Rachid Kassim est soupçonné d'être derrière plusieurs attentats ou tentatives d'attentats sur le sol français. Membre de l'organisation Etat islamique, il incite sur internet des aspirants terroristes à passer l'acte. Qui est Rachid Kassim ?
Quatre affaires et un même nom
Le nom de Rachid Kassim apparaît dans quatre récentes affaires de terrorisme récentes : Magnanville (Yvelines), Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), l'attentat déjoué aux bonbonnes de gaz à Paris et l'arrestation d'un mineur qui projetait de commettre des attentats dans le 12e arrondissement de la capitale.
Via internet ou la messagerie Telegram, il a été en contact avec des personnes impliquées dans ces affaires. Parmi ses adeptes figurait notamment Larossi Abballa, abattu après avoir assassiné un policier et sa compagne, le 13 juin, à Magnanville. "Abballa faisait partie de son groupe Telegram, et Kassim a eu une véritable influence dans cette affaire", assure à l'AFP une source proche de l'enquête.
Son nom réapparaît quelques semaines plus tard, quand L'Express révèle que les enquêteurs ont découvert des conversations sur la messagerie chiffrée Telegram entre Rachid Kassim et les assassins du prêtre Jacques Hamel dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), le 26 juillet. Rachid Kassim est suspecté d'avoir exercé au minimum "une influence virtuelle dans le passage à l'acte" des deux jeunes tueurs. Il serait également l'auteur de l'enregistrement audio d'Adel Kermiche diffusé une semaine après la tuerie de l'église sur Telegram. Le jihadiste serait donc devenu le nouvel administrateur du groupe de discussion d'Adel Kermiche qui, dans ce cas, lui aurait transmis ses codes d'accès avant de mourir sous les balles des policiers.
Il est à nouveau cité dans l'affaire des bonbonnes de gaz dans une voiture abandonnée à côté de Notre-Dame, à Paris. Le ministre de l'Intérieur évoque des femmes "fanatisées, radicalisées" et téléguidées depuis la Syrie. Selon une source proche de l'enquête, citée par L'Obs, "des éléments ont étayé qu'il avait été en contact via Telegram avec l'une des protagonistes". Le procureur François Molins a précisé, lors d'une conférence de presse, que l'une des trois femmes a été successivement la promise de Larossi Abballa, d'Adel Kermiche et enfin d'un autre homme arrêté en même temps qu'elle. Selon un "proche de l'affaire" dans Le Parisien, "toutes les jeunes femmes arrêtées à Boussy-Saint-Antoine (Essonne) étaient plus ou moins en contact avec ce jihadiste, via internet ou la messagerie Telegram. Cet homme est depuis un moment dans le collimateur des services de renseignement".
Dernière affaire, l'arrestation, samedi 10 septembre, d'un adolescent de 15 ans, dans le 12e arrondissement de Paris. Selon Le Parisien, il a reconnu au cours de sa garde à vue "avoir voulu mourir en martyr après avoir tué tout un tas de kouffars [mécréants]" à l'arme blanche. Une source proche de l'enquête indique à l'AFP que le mineur était en contact via Telegram avec Rachid Kassim.
De l'animateur social au recruteur de l'EI
Agé de 29 ans, Rachid Kassim est originaire de Roanne (Loire) où il a été animateur social. D'après Le Parisien, il était "chargé d'accompagner les enfants d'un centre social à la cantine". Ancien amateur de rap, ayant pratiqué le karaté, il quitte la France avec sa famille pour l'Égypte en 2012 avant d'arriver en zone irako-syrienne, d'après Europe1.
"Avant son départ, ses proches l’avaient vu changer, au retour d’un séjour en Algérie. Transformé et obnubilé par le Coran, il se crée des inimitiés jusque dans les mosquées, où ses discours extrémistes gênent les fidèles", écrit Le Dauphiné Libéré. "A l'époque, des frères se sont mobilisés dès qu'ils ont senti une dérive dans ses paroles. Ils l'ont emmené à des séminaires. Il a prétendu qu'il était repenti et avait compris ses erreurs", se remémore un membre d'une association locale, interrogé par L'Express.
Le 20 juillet, une semaine après l'attaque de Nice, il apparaît à visage découvert dans une vidéo tournée dans la zone irako-syrienne, dans laquelle il félicite le terroriste Mohamed Lahouaiej Bouhlel, pour l'attentat de Nice. Il décapite ensuite un otage soupçonné d'espionnage.
Internet comme arme
Connu des services antiterroristes, Rachid Kassim est très actif sur les réseaux sociaux, où il utilise son nom ou son prénom. ll a animé une page Facebook où il diffuse des messages ultraviolents. Sa chaîne Telegram serait suivie par 200 à 300 personnes, selon les sources.
Sur Telegram, il a communiqué une liste d'une dizaine de personnalités désignées comme des cibles à exécuter, selon Le Point qui affirme que "les autorités françaises pensent que Rachid Kassim pourrait être l'inspirateur d'une dizaine d'actes terroristes ou tentatives d'attaques (...). Son nom a été cité par une adolescente de Melun, arrêtée en août alors qu'elle se préparait à commettre un attentat. Rachid Kassim semble également avoir encouragé la jeune majeure écrouée, le 10 août, à Clermont-Ferrand pour avoir posté sur les réseaux sociaux des messages inquiétants laissant craindre un possible passage à l'acte."
Dans ses messages, il donne des consignes et des conseils pour mener un "jihad de proximité". Les modalités de l'attaque à la voiture piégée correspondent à la lettre aux consignes que Rachid Kassim dispense. Pour Saint-Etienne-du-Rouvray, il aurait joué un rôle d'intermédiaire. Selon les enquêteurs cités par l'AFP, "c'est lui qui a mis en contact les deux tueurs et donné les consignes".
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