Affaire Chouviat : il est "extrêmement probable" que les policiers "n'aient, hélas, pas entendu" les cris du livreur, selon l'avocat de deux d'entre eux
Les policiers impliqués affirment qu'ils n'ont pas entendu Cédric Chouviat crier à sept reprises qu'il étouffait. Ils "décrivent un enchaînement dû au comportement" du livreur, précise l'avocat de deux d'entre eux.
Selon une expertise datée du 21 avril, Cédric Chouviat, livreur mort à la suite d'un contrôle policier à Paris en janvier, a dit à plusieurs reprises aux policiers qui le plaquaient au sol qu'il étouffait. "Des cris dramatiques dans des conditions qu'il faut préciser et qui rendent extrêmement probables que les policiers ne les aient pas, hélas, entendus", a réagi mardi 23 juin sur franceinfo Me Thibault de Montbrial, avocat de deux des policiers impliqués. Il a assuré n'avoir toutefois pas lu le dossier, car ses clients "n'ont pas été entendus par le juge d'instruction".
Me Thibault de Montbrial a donné la version des policiers sur cette affaire : "On a des policiers qui décrivent un enchaînement dû au comportement de Mr Chouviat qui ne malheureusement ne se laisse pas interpeller", a-t-il indiqué. "Les policiers vont repartir, Mr Chouviat revient, tient des propos qu'on n'entend pas bien dans les différentes vidéos, les policiers entendent une injure et sortent un outrage pour l'interpeller, Mr Chouviat se débat, il y a une lutte", a décrit l'avocat. Il a affirmé que "le policier essaie, non pas de l'étrangler, mais de lui maintenir la tête". Me Thibault de Montbrial a rappelé que interpellation s'était déroulée aux abords de la Tour Eiffel : "Il y a beaucoup de circulation et de bruit, sur la bande sonore on entend Mr Chouviat dire qu'il étouffe mais on entend aussi le bruit de la circulation".
En garde à vue, les quatre policiers se sont effondrés lorsqu'ils ont entendu ce son, et ont spontanément dit qu'ils n'avaient pas entendu Mr Chouviat dire qu'il étouffait.
Thibault de Montbrial, avocat de deux des policiers impliquésà franceinfo
"Si les juges ne les avaient pas cru à ce stade, il y avait un moyen de procédure très simple qui consistait à les déférer", ajoute leur défenseur.
Une "manipulation", selon l'un des avocats de la famille Chouviat
Ces propos ont été vivement dénoncés par Me William Bourdon, l'un des avocats de la famille de Cédric Chouviat, qui les a qualifié de "scandaleux". "C'est une petite manipulation", s'est-il écrié. "S'ils n'ont pas été déférés, c'est aussi une forme de courtoisie s'agissant de policiers dans un climat délétère pour ne pas les traiter comme de vulgaires délinquants", a-t-il réagi. William Bourdon a dit "regretter profondément que les policiers maintiennent une logique de déni, de travestissement des faits, de dénaturation qui rajoutent de la souffrance à de la souffrance".
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