Cet article date de plus de quatre ans.

"J'étouffe" : les derniers mots de Cédric Chouviat, mort après une interpellation violente à Paris en janvier dernier

Les experts ont disséqué les différents enregistrements de la scène pour reconstituer les échanges entre Cédric Chouviat et les policiers durant l'interpellation de ce livreur à scooter âgé de 42 ans. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une marche blanche en l'honneur de Cédric Chouviat, le 15 janvier 2020 à Perpignan (Pyrénées-Orientales). (NICOLAS PARENT / MAXPPP)

Cédric Chouviat, livreur à scooter de 42 ans mort à la suite d'un contrôle routier qui a dégénéré, a crié à sept reprises "j'étouffe" aux fonctionnaires qui l'interpellaient quai Branly à Paris le 3 janvier 2020, selon un rapport d'expertise que franceinfo a pu consulter lundi 22 juin, confirmant une information du Monde et de Mediapart. Cédric Chouviat, plaqué et maintenu au sol, avait perdu connaissance et était décédé deux jours plus tard à l'hôpital.

Le rapport se fonde sur des vidéos tournées avec des téléphones portables, par la victime, par un policier et par un automobiliste. En analysant la bande son, les experts établissent que dans un premier temps, "l'échange est relativement correct, même si nous pouvons ressentir une forme de provocation ou de défiance dans les paroles de la personne contrôlée". Puis le ton monte : "Allez les provinciaux, mettez toutes les amendes que vous voulez vous kiffez faire ça", a notamment lancé Cédric Chouviat aux policiers, qu'il qualifie de "vrais clowns".

A la fin du contrôle, l'un des fonctionnaires lui demande à deux reprises d'essuyer sa plaque. "Par contre, 's'il vous plaît' peut-être", lance Cédric Chouviat. Le policier dit alors : "Ouais et alors vous croyez que je vais me mettre à quatre pattes je vais vous sucer la bite aussi."

"Arrête", "je m'arrête", "j'étouffe"

Quelques secondes plus tard, les experts font état de "trois bruits impulsionnels" indéterminés. "Cependant, juste après, la personne précise qu'il vient d'être poussé", indique le rapport. Alors que les policiers veulent de nouveau mettre fin au contrôle, Cédric Chouviat déclare : "Sans votre uniforme, dans la rue, vous n'êtes rien du tout". Il les invective une nouvelle fois et les traite de "clowns". "Tu crois que j'ai peur d'un mec comme toi", lance-t-il, répétant huit fois "pauvre type".

Onze minutes après le début de l'enregistrement, Cédric Chouviat traite un policier de "guignol". Ce dernier décide alors de l'interpeller. A plusieurs reprises, l'interpellé demande aux policiers de "ne pas le toucher", qu'"ils n'ont pas le droit de le toucher”, “d'arrêter de le pousser". Pendant l'interpellation, Cédric Chouviat dit aux policiers "Arrête", "je m'arrête", puis à sept reprises "j'étouffe".

D’après les informations recueillies par franceinfo, les quatre policiers ont été entendus mercredi dernier par l’IGPN, sous le régime de la garde à vue, dans le cadre de l’information judiciaire relative au décès de Cédric Chouviat. Les quatre agents sont convoqués chez les juges d’instruction chargés de l’affaire au début du mois de juillet.

Contacté par franceinfo, Arié Alimi, l'un des avocats de la famille de Cédric Chouviat explique qu'"il incombe désormais à Christophe Castaner d'interdire la technique de plaquage ventral et la clé d'étranglement, sauf à faire envoyer beaucoup de policiers aux assises".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.