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Attaque à la préfecture de police de Paris : "Le problème chez nous, c'est qu'il y a une forme d'omerta"

Deux collègues de Mickaël Harpon l'avaient entendu se réjouir de l'attentat contre "Charlie Hebdo". Mais dans la "grande famille" de la police, on ne dénonce pas ses collègues, explique un syndicaliste.

Article rédigé par David Di Giacomo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Le logo des policiers de la préfecture de Paris. (THOMAS SAMSON / AFP)

Un hommage est rendu mardi 8 octobre par Emmanuel Macron aux quatre fonctionnaires tués jeudi dernier par Mickaël Harpon, au sein même de la préfecture de police de Paris. Le ministre de l'intérieur Christophe Castaner a reconnu un dysfonctionnement d'État et l'Inspection des services de renseignement a été saisie pour tenter d'identifier les failles.  

Deux collègues de Mickaël Harpon avaient rapporté en 2015 à leur responsable en charge des signalements de radicalisation qu'ils l'avaient entendu cette année-là se réjouir de l'attentat contre Charlie Hebdo. Mais ils ont finalement décidé de ne rien formaliser par écrit. Les policiers n'ont pas pour habitude de dénoncer leurs collègues, explique Nicolas Pucheu, délégué de l'Unsa police en région parisienne. "Le problème chez nous c'est qu'il y a une forme d'omerta. C'est-à-dire que, culturellement, on s'interdit d'écrire contre un collègue."  

Il y a une forme de solidarité chez nous. La police, ça reste une grande famille.

Nicolas Pucheu, Unsa police

à franceinfo

"Le métier étant assez difficile, poursuit Nicolas Pucheu, lorsqu'on observe des comportements un peu déviants, on va le relever, le notifier par voie orale, comme ça a été fait manifestement dans le cas de Mickaël Harpon. En revanche, on va hésiter à le consigner par écrit parce qu'on sait que peuvent en découler des sanctions administratives."

Pour Nicolas Pucheu, ces mentalités doivent évoluer. Il admet "qu'il faudrait peut-être mettre un terme à cette omerta. Quand on constate qu'un collègue se radicalise, il y a des signes qui ne trompent pas, qu'on connaît tous. Il faudrait le consigner noir sur blanc, que ça remonte aux hautes instances. Là, effectivement ça a été passé sous silence".  

Face à la polémique, le ministre de l'Intérieur a demandé lundi que tout signe de radicalisation fasse désormais l'objet d'un signalement automatique.  

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